Wissous (France) : les élites parisii de la fin de l’indépendance gauloise - Part.1

 

FRANCE

Wissous -et les élites parisii de la fin de l’indépendance gauloise

INRAP

Source -  http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-nationaux/p-13573-Wissous-et-les-elites-parisii-de-la-fin-de-l-independance-gauloise.htm 

 

Une équipe de l’Inrap fouille actuellement, à Wissous, sur prescription de l’État (Drac Île-de-France) sur l’emprise de l’aéroport Paris-Orly, un important site gaulois. Sur 4 hectares, il est occupé dès l’âge du Bronze final (vers 800 avant notre ère) mais il révèle surtout une puissante ferme datée du IIe siècle avant notre ère.
Le renouvellement des données issues, en particulier, des grandes fouilles préventives de ce type conduites par l’Inrap a transformé en profondeur les savoirs sur la période gauloise et, à partir du 19 octobre 2011, « Gaulois : une expo renversante », la grande exposition temporaire de la Cité des sciences et de l’industrie, bouscule les idées reçues sur les Gaulois. Ce site en est un bon exemple. 

Un imposant établissement gaulois

La ferme, avec plus de 2 hectares, est de dimensions impressionnantes. De plan trapézoïdal, elle est enclose par deux fossés parallèles de 3 m de large et 1,5 m de profondeur.
À l’intérieur de l’enceinte, l’espace est segmenté en deux zones par un énorme fossé rectiligne de 7 m de large et près de 3 m de profondeur. Un tel ouvrage, mobilisant des subsides et une main-d’œuvre importante, au sein d’une imposante exploitation agricole, est une marque de puissance, voire de pouvoir. Ce fossé sépare l’habitat, à l’est, de l’espace agricole, à l’ouest.
L’espace résidentiel est occupé par deux bâtiments successifs d’environ 200 m² au sol. De plan allongé et arrondis aux extrémités, ceux-ci sont édifiés à l’aide de poteaux porteurs en bois dont le diamètre suggère qu’ils supportaient au moins un étage. La charpente était en bois, les parois montées en torchis sur clayonnage, la toiture était de chaume ou de bardeaux. D’un format familial c’est néanmoins la demeure d’une élite locale. 
Dans l’espace agricole, l’élevage tient une place importante avec des bœufs et des cochons mais aussi des chevaux. Parmi les outils mis au jour, une serpette révèle la culture des arbres fruitiers. Les activités artisanales sont aussi attestées, le tissage par des pesons et des fusaïoles, la métallurgie et la forge par des scories et des parois de four vitrifiées.

Un mobilier de rejet révélateur

Fossés et dépotoirs livrent fibules, potins de bronze frappés par les Parisii, mais aussi amphores vinaires romaines (Dressel I).
Le rejet d’un mobilier métallique non recyclé est une autre marque de l’aisance des habitants qui ont les moyens de le remplacer plutôt que de remployer le métal.
La forte présence d’amphores vinaires italiennes démontre, elle aussi, la richesse de ces Gaulois qui dès le milieu du IIe siècle avant notre ère importent un vin italien coûteux.

Des dépôts cultuels

Quantité de bucranes de bœufs et de chevaux ont été retrouvés dans les fossés, mais il ne s’agit probablement que de simples rejets dans des dépotoirs. Deux dépôts à vocation cultuel ont, en revanche, été découverts à chaque extrémité du fossé monumental. Le premier se compose d’un ensemble céramique, de potins de cuivre mais aussi d’un torque en bronze, ce collier rigide que portent les guerriers gaulois. Le second, actuellement en cours de dégagement, a déjà livré céramiques et potins.
Aucune sépulture n’a été découverte, mais les fragments de deux cranes humains sont présents dans les fossés d’enclos.

Située sur le territoire des Parisii, à proximité de la voie gauloise (puis romaine) reliant Lutèce à Cenabum (Orléans), la ferme gauloise de Wissous est un site de première importance par son implantation au cœur des réseaux commerciaux de la région, ses dimensions, la variété et la richesse de son mobilier et des métiers qui y sont pratiqués. Première découverte préventive de ce type sur le plateau d’Orly, elle est également remarquable par la durée de son implantation, de la fin de l’âge du Bronze à l’antiquité gallo-romaine.

ALBUM = Photos  © Denis Gliksman/Inrap

Puits empierré de la ferme gauloise.

Ossement animal retrouvé dans le puits gaulois.

               PART.2