Vierzon (France):  vestiges de l’abbaye Saint-Pierre

Vincent Michel

Source - http://www.leberry.fr/cher/actualite/pays/pays-de-vierzon/2014/06/02/le-sol-du-parking-de-lhotel-de-ville-recele-les-vestiges-de-labbaye-saint-pierre_11026388.html

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Plusieurs caveaux contenant des défunts avaient été mis au jour lors des fouilles menées au début des années 1990.? - Photos archives Alain Leclerc

Il y a plus de vingt ans, des fouilles avaient révélé les vestiges peu connus de l’abbaye Saint-Pierre. Mais elles n’ont pas révélé le lieu de culte primitif.

Il y a plus de deux siècles que l'abbatiale Saint-Pierre est tombée. Elle n'a pas survécu à la tornade révolutionnaire de 1789, démembrée pierre par pierre, ses matériaux vendus par l'administration. Ses uniques traces sont aujourd'hui en sous-sol. Les fondations de l'ancien édifice religieux reposent sous le parking de la mairie. Traces invisibles, bien sûr.

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Fouilles de l'abbaye Saint-Pierre, 1990-1991, photos d'archives. - Archives Alain Leclerc

Les vestiges nous sont pourtant connus. Des fouilles avaient été menées, il y a près d'un quart de siècle, à l'occasion d'un chantier devant l'hôtel de ville. Les godets des pelleteuses avaient dû grignoter le sol jusqu'à plusieurs mètres de profondeur. Car, après la démolition de l'édifice, le sol avait été remblayé au niveau de l'actuelle rue Armand-Brunet.

Sépultures et squelettes

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Fouilles de l'abbaye Saint-Pierre, 1990-1991, photos d'archives. - Archives Alain Leclerc

La campagne archéologique avait mis à jour quelques restes des fondations du monument, des débris d'ornements architecturaux, des poteries. Et elle a également révélé des sépultures. Celles de moines de l'abbaye ? Peut-être. Rien d'étonnant en tout cas quand on sait qu'autrefois on inhumait les morts autour des lieux de culte. Les fouilles ont aussi affiné et confirmé la connaissance de la topographie du site. « Les archéologues n'avaient en main qu'un plan dressé de l'église par l'architecte Gauchery au XIX e siècle. Les relevés effectués lors des fouilles correspondaient exactement », se souvient Alain Leclerc, archiviste municipal et historien.

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Fouilles de l'abbaye Saint-Pierre, 1990-1991, photos d'archives. - Archives Alain Leclerc

Pourtant, ces vestiges ne lèvent pas tout à fait le voile sur le passé de l'abbaye vierzonnaise. « Une chose n'a pas été trouvée lors des fouilles : le lieu d'origine », regrette aujourd'hui Alain Leclerc. C'est-à-dire le bâtiment primitif, élevé dès le haut Moyen Âge. De cet endroit, on sait en vérité peu de chose.

Il faut remonter aux circonstances exactes de la venue des moines dans ce petit coin de la vallée de l'Yèvre, il y a mille deux cents ans ou peu s'en faut. On sait que, installés à Dèvres, près de Saint-Georges-sur-la-Prée, dès 843, ils s'établirent à Vierzon en 923 sous la pression des invasions normandes. « Dans le cartulaire de l'abbaye, recueil de tous les actes écrits de 843 à 1150 environ, un texte en latin daté de 943 contient la phrase suivante : "Ils s'enfuient dans un lieu qui leur appartient à Vierzon." » Mais quel serait ce lieu ? « La logique voudrait que ce soit une des possessions des religieux. Pourtant le texte n'est pas clair et on peut comprendre aussi que ce lieu dépendait de l'archevêque de Bourges, cité dans les phrases qui précèdent. »

Un autre élément pourrait expliquer la présence des moines à Vierzon : la recherche de la protection d'un seigneur, comme le laissent penser des documents de la même époque, émanant de l'archevêché de Bourges et conservés aux archives départementales. Les moines se seraient enfuis pour venir auprès du seigneur de Sion, du nom de la butte qui surplombe l'église Notre-Dame. Seigneur auquel, plus tard, les moines prétendaient dans leurs actes avoir donné des terres. Dur de savoir qui était là le premier.

Reste également à savoir à quoi ressemblait le site dans ses premiers temps. Une chapelle placée sous le vocable de saint Caprais se trouvait là, à en croire les textes médiévaux. Est-ce cette cella (cave, en latin), signalée dans le cartulaire ? Gauchery, pour sa part, situait une chapelle à l'est de l'abbatiale. L'archéologie pourrait donner une réponse… en fouillant sous les locaux de la régie municipale de l'eau Réavie.

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