Vern sur Seiche (France): L'élite gauloise des Hauts de Godon

À Vern-sur-Seiche, en Ille-et-Vilaine, la découverte de deux puissants enclos accolés révèle un espace résidentiel occupé par une famille de haut rang.

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/l-elite-gauloise-des-hauts-de-godon-vern-sur-seiche-10823

A l’occasion du projet d’aménagement d’un lotissement aux Hauts de Godon à Vern-sur-Seiche, une fouille a été menée par l’Inrap de la mi-septembre à la fin octobre 2015. Les archéologues ont mis au jour un site qui se caractérise notamment par une densité importante de vestiges au centre de l’emprise de la fouille, directement au sud du manoir de Gaudon. Des tessons de céramique permettent de dater cette occupation entre l’époque gauloise (IIIe siècle avant notre ère) et le Moyen Âge (XIe-XIIesiècles).

UN ESPACE RÉSIDENTIEL GAULOIS

L’élément le plus significatif mis au jour date de l’époque gauloise : deux enclos présentant une organisation spécifique. Au nord de l’emprise, les archéologues ont dégagé les puissants fossés d’un premier enclos quadrangulaire, d’environ 40 mètres de coté (soit une surface totale de 1600 m²). Accolé à celui-ci, à l’ouest, un second enclos aux fossés moins importants délimite un espace d’une superficie d’environ 5000 m².

Vern enclos1 caskelldroneL’enclos, à priori résidentiel, du premier enclos gaulois du site des Haut-de-Godon à Vern-sur-Seiche. Un large fossé délimité un clos d’une superficie d’environ 1600 m². © Askell Drone

Les dimensions très imposantes (5 m de largeur et 3 m de profondeur) du premier fossé, qui devait être bordé d’un talus ou d’une palissade de plusieurs mètres de hauteur, laissent penser qu’il s’agissait de la limite d’un espace résidentiel occupé par une famille de rang élevé. Le second enclos a livré de nombreuses traces d’habitat, d’activités agricoles et artisanales : tessons de poterie, meule, peson, etc.

Vern vueaerienne1 cglerouxVue aérienne. Les fossés des deux enclos sont en cours de fouilles – © Gilles Leroux / INRAP

Si ce type d’occupation avait été plusieurs fois repéré en photographie aérienne, aucun site n’avait encore été fouillé en Bretagne. L’étude des éléments prélevés dans chaque enclos permettra d’en préciser la nature.

UNE OCCUPATION QUI PERDURE DURANT L’ANTIQUITÉ

Vern enclos2 caskelldroneLes fossés vidés du premier enclos - © Askell Drone

Aux premiers siècles de notre ère, à l’époque gallo-romaine,  l’occupation de l’enclos résidentiel perdure : des traces de bâtiments (trous de poteau), des éléments de toitures (tuiles en terre cuite ou tegulae) et des fragments de poteries ont été prélevés à l’intérieur de l’enclos ainsi que dans le comblement supérieur du fossé.
Plusieurs hypothèses sont possibles : soit, les Gallo-Romains ont su tirer parti de l’espace délimité par l’enclos gaulois encore visible dans le paysage, soit il s’agit d’une occupation ininterrompue sur deux ou trois siècles par plusieurs générations d’une même famille. L’étude du mobilier recueilli dans  le fossé de l’enclos permettra sans doute d’en savoir plus.

DES TÉMOINS MODESTES AU MOYEN ÂGE

Pendant le Moyen Âge, l’occupation datée des XIe et XIIe siècles est modeste. Elle est matérialisée par un système de fossés au tracé  très irrégulier. Il s’agit probablement de fossés de délimitation de petites parcelles, dont la fonction est difficile à caractériser. La présence de mobilier céramique indique toutefois la présence d’un habitat, situé sans doute en dehors de l’emprise, peut-être à hauteur du manoir de Gaudon fondé au XVIe siècle.