Verdun (France): Fouilles de l’abbaye Saint-Vanne (Verdun) : résultats préliminaires de la campagne 2013

Samuel Provost / Université de Lorraine

Source - http://arula.hypotheses.org/1048

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Fig. 1 — Plan de l’emprise de la fouille avec positionnement de l’abbaye

La seconde campagne de fouilles s’est déroulée durant le mois de juillet 2013 avec une équipe d’une trentaine de personnes dont plusieurs chercheurs encadrants (université, CNRS, INRAP). Un bilan de la seconde année de recherche a été rédigé et déposé au Service régional de l’Archéologie en décembre 2013 (140 pages environ) pour justifier les choix scientifiques et les dépenses déjà engagées[1].

Comme prévu — et pour respecter les objectifs initiaux — la première campagne s’est concentrée sur la zone de l’ancienne église abbatiale et de ses abords (le long du mur gouttereau côté sud et au niveau de l’emplacement présumé du chevet). Un autre sondage extensif a concerné l’extension de la nécropole, au sud. Cette surface, dégagée en partie à la pelle mécanique, a représenté 1500 m² environ. La seconde campagne s’est particulièrement attachée à préciser la chronologie d’occupation sur une partie des secteurs 1 et 2 (Fig. 1).

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Fig. 2 — Vue des ossements tapissant le fond de l’ossuaire dans la structure semi-enterrée.

Malgré la présence de nombreux réseaux d’adduction d’eau modernes, d’une tranchée de la Première Guerre mondiale et d’une carrière, qui laissait présager de vastes destructions, des acquis notables sont pourtant à mettre au crédit de l’équipe : parmi ceux-ci, on peut souligner l’occupation du haut Moyen Âge confirmée dans une zone proche de ce qui allait devenir l’église abbatiale au cours du bas Moyen Âge. L’aspect le plus remarquable est la découverte de mobilier bien daté dans quelques sépultures privilégiées mérovingiennes qui n’avaient pas été pillées ou seulement en partie. Ces éléments nous permettent de dater les tombes entre 480 et 520 (période MA 1)[2]. La chronologie d’extension de la nécropole a été précisée en 2013, de même que ses liens avec un lieu de culte contemporain présumé. Une sépulture en coffre a été fouillée et le début de ce que l’on croyait être une structure hypogée en 2012 qui s’est révélé être effectivement un bâtiment semi-enterré orienté est-ouest d’environ huit mètres de largeur, à l’origine couvert d’enduit peint et vitré avec une entrée aménagée à l’ouest entre deux bases de colonne ; elle pourrait être une chapelle funéraire réutilisée en ossuaire (Fig. 2). Un surcreusement explique que les niveaux supérieurs d’occupation aient disparu dans ce secteur, notamment le niveau de sol de la nef et le mur gouttereau sud de l’église abbatiale encore en élévation au début du XIXe siècle et que les niveaux mérovingiens affleurent.

La chronologie des étapes de construction du bâtiment religieux a pu être précisée dans sa partie orientale. Le massif maçonné hémicirculaire, construit en partie avec des éléments gothiques en réemploi, est identifié comme étant le chevet de l’abbatiale daté de la seconde moitié du XVe siècle (son relevé topographique correspond d’ailleurs parfaitement avec celui réalisé au XIXe siècle par le Génie, Fig. 1 et 3). Dans un niveau chronologiquement antérieur – qui a conduit en partie au démontage de ce massif –, des négatifs de piliers, associés à un sol en mortier de tuileau, ont été découverts. Ils sont interprétés comme étant les supports d’une crypte[3]. Au-delà des seuls indices stratigraphiques, cette recherche s’appuie sur l’inventaire systématique des éléments architecturaux (fragments de nervures, de colonnettes, de remplages, de décors sculptés).

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Fig. 3 — Vue de la maçonnerie du chevet en cours de fouille

[1] Le projet a été soutenu financièrement en 2013 par la MSH, le Ministère de la Culture et de la Communication (Service Régional de l’Archéologie), le Conseil Général de la Meuse, l’Université de Lorraine et mon laboratoire de recherche (CRULH) ainsi que l’HISCANT-MA , l’INRAP, la société Maximo à hauteur de 39 000 euros pour l’année 2012. Cet argent a été utilisé pour mener à bien la campagne sur le terrain et pour investir en matériel scientifique. D’autre part, la CODECOM de Verdun a offert un soutien logistique très précieux.

[2] Voir l’étude de Jacques Guillaume dans Serdon et al . 2012.

[3] Peut-être du XIe siècle d’après François Héber-Suffrin, professur émérite en histoire de l’art du Moyen Âge.