Une 'piscine' maya en forêt équatoriale ...

 

Une ‘piscine’ maya dans la forêt équatoriale

26 August 2010 Bonn, Universitaet

Source : http://www.alphagalileo.org/ViewItem.aspx?ItemId=83582&CultureCode=fr

 

Depuis 2009 des chercheurs venus de Bonn et du Mexique effectuent des fouilles systématiques sur le site d'Uxul, vieille ville  maya, et la cartographient. „Lors de ces fouilles nous sommes tombés sur deux réservoirs d'eau rectangulaires dont la longueur des arêtes atteint  près de cent mètres“, déclare le docteur Iken Paap. Madame Paap dirige le projet de concert avec le professeur Nikolai Grube et l'archéologue mexicain  Antonio Benavides Castillo.

Ce genre de bassins géants que l'on trouve aussi dans d'autres villes mayas sont appelés „aguadas“. A l'image de nos châteaux d'eau contemporains ils servaient à entreposer l'eau potable. Mais les habitants d'Uxul avaient, semble-t-il, mis au point une méthode particulièrement astucieuse pour étanchéifier leurs aguadas. „Nous avons effectué des fouilles au centre d'un des réservoirs d'eau“, ajoute le jeune scientifique de Bonn Nicolaus Seefeld. „Ce faisant, nous avons constaté que le fond était, sur deux mètres de profondeur, recouvert presque intégralement de morceaux de céramique provenant vraisemblablement d'assiettes. Par contre nous ne savons pas encore si c'était aussi vrai pour toute l'aguada.“

Si tel était le cas, cela ferait l'effet d'une petite sensation – tout simplement parce qu'il aura fallu pour cela des quantités fantastiques de céramique: les aguadas d'Uxul avaient chacune une taille équivalente à dix piscines olympiques. Il est possible que sur ce site il y ait même eu d'autres lacs artificiels: le précieux liquide devait en effet alimenter pas moins de 2000 habitants pendant les trois mois de saison sèche.

D'ailleurs en français le terme maya „Uxul“ signifie „Au bout de“. Les découvreurs de la ville, Karl Ruppert et John H. Denison de la Carnegie Institution of Washington l'ont baptisée ainsi en 1934 – malades et épuisés au terme de leur longue expédition à travers la forêt vierge de la péninsule mexicaine du Yucatán. Le nom d'origine de la ville n'est toujours pas connu à ce jour.

Si dans les années trente du siècle dernier Uxul se trouvait bel et bien „au bout du monde“, aujourd'hui les choses n'ont pas tellement changé: „On n'arrive sur le site des ruines qu'au terme d'un périple de 120 km sur des chemins traversant la forêt vierge et la réserve   biosphérique de Calakmul, à l'écart des routes et des lieux d'habitation actuels“, explique le docteur Iken Paap. Pour les archéologues et leur équipe de fouilles germano-mexicaine cela rend les conditions de travail difficiles. Cette année ils ont passé trois mois dans la forêt pour fouiller la ville maya.

Une ville marchande florissante

Les fouilles ont mis peu à peu en évidence le fait quà Uxul il ne pouvait être question de „bout du monde“ ou d'isolement au fin fond de la forêt, du temps de son âge d'or (à l'époque classique entre 250 et 900 après J.C.): Uxul se situait dans une région fortement peuplée entre les grandes villes mayas El Mirador au sud et Calakmul au nord-est. La ville faisait du commerce jusque dans des régions situées aujourd'hui dans le sud du Guatemala et sur les plateaux  du centre du Mexique.

Uxul a été habitée pendant plusieurs époques de la culture maya. Telles sont les conclusions auxquelles les chercheurs de Bonn ont abouti suite à l'analyse des différents lieux de fouilles et de leurs couches de construction. „Cette année nous avons mis au jour plusieurs couches successives sur trois mètres de profondeur. Celles-ci vont certainement du préclassique tardif à la fin de l'époque classique ou à l'ère postclassique“, ajoute Iken Paap.

Des inscriptions attestent de la domination de Calakmul, située à 26 kilomètres, sur Uxul autour de 630 après J.C. Dans quelle mesure la vie au sein de la ville et aux environs a-t-elle été affectée et influencée par ces changements de domination? Uxul a-t-elle continué à avoir ses propres relations commerciales à l'époque de la domination de Calakmul? Les crises touchant les élites avaient-elles des répercussions concrètes sur la population? Ou bien ne s'agissait-il que de disputes entre souverains auxquelles nous attachons plus d'importance - du fait des récits qui en sont faits sur les stèles et les autels - que ne le faisaient les membres des différentes couches de la société qui en furent les témoins?

„Au printemps dernier nous avons trouvé les premières tombes à ne pas avoir été détruites par des pilleurs de tombe en quête de céramique et de bijoux de jade“ se réjouit le professeur Nikolai Grube. „Grâce à cette découverte et à de nouvelles observations concernant l'approvisionnement en eau et l'histoire de la végétation, nous avons bon espoir d'en apprendre plus sur le mode de vie des habitants de cette ville maya.“