Trois Rivières (Canada) : Des vestiges de la palissade mis au jour

 

Des vestiges de la palissade de Trois-Rivières mis au jour

Marie-Josée Montminy 

Source - http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201108/05/01-4423615-des-vestiges-de-la-palissade-de-trois-rivieres-mis-au-jour.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_actualites_442_section_POS1 

 

Si le mystère plane toujours sur la véritable identité du fondateur de Trois-Rivières, un autre point d'interrogation s'est (probablement) effacé dans l'histoire de la ville: des fondations de la palissade de Trois-Rivières auraient été mis au jour par les archéologues présentement à l'oeuvre à la place Pierre-Boucher.

 

Photo: Stephan Lessard

«C'est majeur, comme découverte. C'est la première fois qu'on a les vestiges aussi clairs de ce qu'aurait pu être la palissade», affirme Éléonore Aubut-Robitaille, l'archéologue en charge du chantier.

Différents témoignages ont toujours laissé croire que le bourg de Trois-Rivières était fortifié. Des mentions dans la correspondance avec les autorités ou dans des récits de voyages, ou encore l'illustration en gravures ou sur des plans d'époque ont évoqué les fortifications, mais aucun vestige physique n'en avait jusqu'ici prouvé l'existence.

Des fouilles archéologiques se tiennent depuis le début de l'été à l'orée de l'arrondissement historique de Trois-Rivières, dans le contexte des travaux de réaménagement de la place Pierre-Boucher par la Ville. Les fouilles sont abordées dans une démarche de mise en valeur du patrimoine trifluvien dans le futur aménagement.

Il y a environ deux semaines, les archéologues ont trouvé un premier indice concret de l'emplacement de la palissade. En date d'hier, ils avaient repéré les traces de six pieux suivant un alignement et un espacement réguliers, pouvant coïncider avec les indices cartographiques disponibles.

«Les empreintes circulaires ont 12 pouces de diamètre, ce qui correspond à ce qui était documenté pour les pieux de la palissade. Ces empreintes suivent un alignement et sont espacés d'environ 1,20 mètres chacun», détaille Mme Aubut-Robitaille.

Les cavités circulaires révélées par les excavations archéologiques semblent avoir été remplies de roches et de terre lors de remblaiements postérieurs à la destruction de la palissade.

Avec la collaboration d'un arpenteur, l'emplacement des pieux a été défini en plan. Puis, des coupes longitudinales et transversales des vestiges permettront de recueillir et d'interpréter beaucoup d'autres informations, selon Mme Aubut-Robitaille. «Ça va venir combler un vide. On pourra valider les hypothèses avec des données historiques», dit-elle.

Une défense contre les Iroquois

Comme le souligne l'historien trifluvien Yannick Gendron, c'est vers 1650 que Pierre Boucher, capitaine puis gouverneur, entreprit des travaux majeurs de fortification.

«Il faut dire que la menace iroquoise pèse sur la population trifluvienne jusque vers 1665. Alors, la palissade est une question de survie. On va aux champs de jour, ce qui est en soit un acte de bravoure, et on rentre à l'intérieur la nuit», explique-t-il.

«La palissade n'est pas statique. Elle est en constante évolution. Depuis le comptoir de traite de 1634 fondé par Théodore Bochart du Plessis jusqu'à la Conquête, elle est à géométrie variable», note encore l'historien, avant de citer Benjamin Sulte qui datait la construction de la palissade à 1653 («augmentée plus tard, reconstruite et changée plusieurs fois») et sa destruction à 1752.

«Il reste beaucoup à faire pour bien connaître les ouvrages de défense trifluviens à l'époque de la Nouvelle-France. La découverte des vestiges est une contribution majeure à l'histoire de Trois-Rivières et un pas dans la bonne direction», conclut Yannick Gendron qui, comme Éléonore Aubut-Robitaille, suggère que le réaménagement de la place Pierre-Boucher et du Platon intègre la découverte de ces importants vestiges.

D'autres trouvailles

Les aires de fouilles archéologiques sous la place Pierre-Boucher ont aussi dévoilé des objets dont la datation, après analyse, pourrait remonter à l'époque des premiers contacts entre les peuples autochtones et européens.

La responsable du chantier, Éléonore Aubut-Robitaille, indique que des pipes de pierre dites Mic-Mac et un couteau pliant fait d'os se sont entre autres ajoutés aux objets déjà découverts sous la place Pierre-Boucher.

«On a aussi trouvé des pièces de cuivre qui semblent avoir été découpées par les autochtones dans des casseroles européennes pour se faire des parures, et une perle taillée dans un tuyau de pipe en argile», ajoute Mme Aubut-Robitaille, en soulignant cette «appropriation par les amérindiens de la culture matérielle européenne».