Trois Rivieres (Canada) : Des fouilles archéologiques fructueuses

 

Trois Rivières : Des fouilles archéologiques fructueuses

Marie-Josée Montminy

Source - http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/actualites/201109/02/01-4430976-des-fouilles-archeologiques-fructueuses.php

 

Alors qu'Éléonore Aubut-Robitaille est en train de nous dresser un bilan des fouilles archéologiques s'achevant aujourd'hui dans le vieux Trois-Rivières, elle est interrompue par une collègue qui exhibe fièrement une pointe de chert trouvée dans une des aires qui sera remblayée bientôt.

La trouvaille s'ajoutera aux artefacts témoins de la vie quotidienne des premiers Trifluviens, artefacts découverts au coeur des fouilles amorcées au début de l'été dans l'arrondissement historique.

Responsable du chantier, Éléonore Aubut-Robitaille, qualifie d'«exceptionnel» ce projet inscrit dans celui, plus global, du réaménagement de la place Pierre-Boucher et du Platon par la Ville de Trois-Rivières.

«On documente la naissance et le développement d'une ville à travers différentes perspectives: domestique, militaire, religieuse, institutionnelle... Et une des plus vieilles villes d'Amérique du Nord!», s'enthousiasme-t-elle, appréciant que «cette fouille s'intègre dans un projet qui rendra le patrimoine plus accessible».

Les recherches ont été menées dans une double optique. Motivées par un souci de protection de vestiges vulnérables à l'endommagement voire à la destruction par l'aménagement urbain, elles avaient aussi comme mission d'alimenter le projet de métamorphose de la place Pierre-Boucher en tenant compte du potentiel patrimonial.

Ce qu'on a trouvé

Six aires de fouilles ont été ouvertes à proximité du Flambeau. Une première, littéralement au pied du monument, a mis au jour les vestiges de trois bâtiments que des recherches plus approfondies permettront peut-être de situer dans le temps, vu qu'ils ne figurent pas clairement sur les plans d'époque les plus connus.

Une autre aire, plus près du bureau de poste, a révélé des traces de la palissade qui a ceint le bourg entre 1653 et 1752. Aucune preuve matérielle de l'existence de cette palissade n'avait jusqu'alors été découverte.

Trois autres périmètres de fouilles se sont consacrés à ce qui a constitué l'îlot paroissial jusqu'à l'incendie de 1908. Les archéologues ont creusé où se trouve le monument du Sacré-Coeur, puis dans la cour du Jardin de l'Enfance et dans le parc des Gouverneurs.

Ils ont pu trouver des sections des murs est et sud de l'église dans la cour du jardin, mais sont restés bredouilles quant aux vestiges du transept à proximité du Sacré-Coeur.

Aussi, les fouilles dans ce secteur visaient à vérifier à quel point les sépultures avaient été exhumées lors de la construction de l'église paroissiale en 1710. Le lieu de culte avait été bâti sur les assises du précédent (dans l'axe opposé) et sur une partie du cimetière qui le jouxtait.

Les archéologues souhaitaient donc identifier d'éventuelles sépultures de façon à les préserver d'un sort peu orthodoxe. Des fosses d'exhumation ont été aperçues, mais également des fosses de sépultures révélant des traces de cercueils et parfois des ossements.

Ces sépultures se trouvaient entre 90 et 180 cm du sol actuel. «Nous n'avons pas l'expertise pour les fouiller nous-mêmes; ce sont des bio-anthropologues qui peuvent le faire», précise Éléonore Aubut-Robitaille.

Enfin, l'équipe a ouvert une autre zone de fouilles dans le parc des Gouverneurs pour documenter les sols associés aux bâtiments qui y furent érigés, dont des casernes.

Plusieurs artefacts ont par ailleurs été découverts par les archéologues. «Ce sont surtout des objets domestiques, de la vie quotidienne. Comme de la céramique provenant de vaisselle de service, de préparation ou d'entreposage de la nourriture, des fragments de pipes, des matériaux reliés à la construction comme de la brique, du mortier, des clous...», énumère Mme Aubut-Robitaille.

Des objets liés à l'église ont été trouvés, tels des loquets, des pentures et des éléments décoratifs, et des éléments militaires comme des balles de fusil illustrent l'occupation de casernes militaires dans le secteur.

Les sites de fouilles seront remblayés, et les professionnels de l'histoire et de l'archéologie compléteront des rapports comprenant les résultats de recherches et d'analyses, probablement accompagnés de recommandations pour la mise en valeur du patrimoine.