Saulges (France) : L’homme préhistorique se plaisait en Mayenne

Jean-Loïc Guérin

Source - http://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/947/reader/reader.html#!preferred/1/package/947/pub/948/page/14

Image 1024 1024 245568Les grottes de Saulges, à l’est de Laval, en Mayenne, abritent des vestiges et dessins humains datés d’au moins 25 000 ans avant J.-C. Rarissime au Nord de la Loire. Un musée préhistorique, axé sur l’homme du Solutréen, ouvrira le 18 mars.
La curiosité géologique est située au fin fond du bocage mayennais, à l’est de Laval. Une trentaine d’hectares nettement plus escarpés. Les habitants des trois communes concernées, Saint-Pierre-sur-Erve, Saulges et Thorigné-en-Charnie, parlent du canyon. C’est plus exactement une vallée (de l’Erve) au sous-sol calcaire, propice aux cavités naturelles, classées Natura 2000.

« On en a identifié 21, dont une quinzaine auraient un vrai potentiel préhistorique. On est loin d’avoir tout découvert », explique Karine Bouème, la responsable du site, très calée sur les origines lointaines de la race humaine.

Image 1024 1024 245569Dans la grotte Mayenne-Sciences, à l’accès difficile, figurent des chevaux et un mammouth dessinés par la main de l’homme vers 25 000 avant J-C. (Photo : Hervé Paitier)
D’aucuns parlent même d’une trentaine d’années de recherches à venir, pour en extraire la substantifique moelle des trésors enfouis sous la calcite… « Le rêve serait d’y découvrir une sépulture préhistorique. Ou, à défaut, d’autres grottes ornées ou bien des gravures rupestres extraordinaires. Rien n’est exclu. »

Jusqu’à Néandertal ?

Pas la peine de tirer des plans sur la comète, l’héritage mayennais fait déjà des envieux. Ses atouts sont multiples. Sa spécificité déjà. « Les scientifiques ont longtemps exclu l’hypothèse de grottes ornées au nord de la Loire. Pourtant deux sites ont été découverts. L’un à Gouy, en Seine-Maritime. Et surtout nos grottes de Saulges », plaide François Delatouche, le maire de Saint-Pierre-sur-Erve, en charge, aussi, de l’histoire et du patrimoine à la communauté de communes des Coëvrons.

Image 1024 1024 245570Cheval hérissé, visible dans la grotte Mayenne-Sciences. (Photo : Hervé Paitier )

L’autre originalité est l’immense plage chronologique que couvriraient les vestiges préhistoriques trouvés sur place. « Sans doute un site d’habitation d’hiver, car le lieu bénéficiait d’un microclimat. La présence de l’homme du Solutréen (Paléolithique supérieur), rare en France à l’inverse de l’Espagne et le Portugal, est avérée, souligne Karine Bouème. On retrouve en effet des plaquettes gravées et d’autres ornements datés de 20 000 à 25 000 ans avant J.-C. On pourrait toutefois découvrir des vestiges remontant jusqu’au Néandertalien (-40 000 ans), mais ils restent à découvrir. » Pour se repérer : les vestiges de Lascaux datent de 16 000 ans avant J.-C. et ceux de la grotte Chauvet de 32 000 ans av. J.-C.

Immersion en 3D

À Saulges, la visite de grottes est déjà une histoire ancienne. Le site comptabilise 22 000 entrées payantes par an. Seules les grottes Margaux et Rochefort se visitent. À l’inverse, celle de Mayenne-Sciences, découverte en juin 1967 par Roger Bouillon, spéléologue et préhistorien, est fragile et d’un accès difficile.

L’ouverture du musée, samedi 18 mars, permettra d’y remédier grâce à une projection immersive 3D de ses trésors, notamment des chevaux et mammouth dessinés par la main de l’homme 25 000 ans avant J.-C. « Autour de ce joyau central, une déambulation permettra de remonter le temps. Et, grâce à de grandes baies vitrées, une vue imprenable sur les grottes, plaide François Delatouche. Les fouilles n’étant pas achevées, nous souhaitons en faire un musée vivant avec des chercheurs. Des expositions temporaires permettront ainsi d’actualiser les découvertes. » Au sous-sol, un atelier pédagogique donnera du grain à moudre aux familles et aux scolaires. Le coût total du projet avoisinera 1,721 million d’euros largement subventionnés.

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Exceptionnelle plaquette au bouquetin alpin d’une quinzaine de centimètres, gravé de profil avec le poil hérissé dans le cou. Ramassé dans une couche datée d’environ 19 000 av. J.-C. à la grotte Rochefort. (Photo : Hervé Paitier)