Saran (France): Des souterrains sous un village médiéval
Photos : Thierry Bougot
Le service de l’archéologie préventive départemental a fait une rare découverte en France et dans la région : des refuges sous un village médiéval.
Ils sortent d’une chatière. Crottés, les bottes collées à la marne blanchie. Les archéologues du service départemental fouillent à proximité de la clinique Oréliance, à Saran, dans des galeries souterraines, sous un village médiéval.
« Si vous êtes claustrophobe, il faut éviter, sourit Justin Hahn. Quand on utilise la pioche, au fond de la galerie, il fait chaud. » Manque d’air. Ils se relaient toutes les demi-heures, et rapportent dans des seaux les sédiments d’un puits mêlés à des céramiques et des os.
« On y entrait par un goulot d’étranglement »
Cinq galeries ont été mises au jour en 2014 dans cette zone d’aménagement concerté des Portes du Loiret, qui devrait voir l’édification d’un hôtel et du centre d’hébergement et d’accueil des jeunes et sportifs de haut niveau - projets non confirmés par Michel Grillon, vice-président du conseil général, présent hier. Exceptionnel, le site archéologique fait écho aux vestiges retrouvés sur la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux.
« Il faut avoir de l’imagination mais l’on pense que ces souterrains, aux nombreux coudes, servaient de refuge aux villageois et aux principaux biens lors de pillages et de conflits entre seigneurs et contes au XIe-XIIe siècles », estime Amélie Laurent-Dehecq, responsable du site. De 8 à 33 mètres de long, enfouies à une profondeur de 2,50 m à 4,50 m, ces galeries étaient accessibles depuis des maisons, via des chatières, des goulots d’étranglement ou des trappes qui donnaient sur un escalier ou une rampe menant aux entrailles de la terre.
Si la structure supérieure des souterrains, creusée dans la friable marne, s’est effondrée, les parties profondes ont été conservées. Toit et parois apparaissent donc aujourd’hui et dévoilent de petites pièces de 1 à 3 m2. Quatre galeries se terminent par un puits d’aération et d’extraction de matériaux. Complexe, étayé, nécessitant une pompe à eau pour évacuer la pluie, le dernier souterrain sera fouillé jusqu’à mi-novembre. Trois galeries ont déjà été rebouchées. Les deux autres le seront aussi. Car le site est trop dangereux pour être visité par le grand public
Objets découverts :
