Saint-Dizier (France): Une occupation dès l’âge du Bronze et des dépôts rituels romains

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-regionaux/p-14935-Une-occupation-des-l-age-du-Bronze-et-des-depots-rituels-romains-a-Saint-Dizier.htm

Depuis le mois de mars et jusqu’au 22 juin 2012, dans le cadre de la poursuite de l’aménagement du Parc de référence par la Communauté de Communes de Saint-Dizier, Der et Blaise, et sur prescription de l’État (Drac Champagne-Ardenne), une équipe d’archéologues de l’Inrap a mené une fouille d’archéologie préventive à Saint-Dizier. Sur 4 hectares, les chercheurs ont mis au jour la plus ancienne occupation humaine découverte à ce jour à Saint-Dizier, datant de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer (vers 950-800 avant notre ère). Ils ont également découvert, dans une zone restreinte, une quantité importante de dépôts rituels de la période romaine, très probablement liés à un sanctuaire. 

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Vue sur les dépôts rituels le long de la voie romaine. © Annie Viannet, Inrap

Une occupation humaine attestée dès la fin de l’âge du Bronze

Sur une surface importante du site, les archéologues ont dégagé de nombreuses fosses datant de la fin de l’âge du Bronze et du début de l’âge du Fer. Ce type de fosses est fréquemment reconnu à proximité des habitats protohistoriques. Elles correspondent à des points d’extraction de limon pour la construction de maisons, en torchis à l’époque, ou la production de céramiques. Ces « carrières » à ciel ouvert ont dans un second temps servi de poubelles et sont peu à peu comblées de rejets de la vie quotidienne (vaisselle, fragments de céramiques, épingles, etc.) La concentration de rejets observés dans certaines de ces fosses témoigne de la proximité immédiate d’une zone d’habitat. 

Une voie romaine inconnue

Dans une partie de l’emprise de fouille, les archéologues ont étudié une voie romaine, identifiée durant le diagnostic archéologique et qui n’était pas connue jusqu’alors. Elle fait partie du réseau de voies romaines rurales et correspond probablement à un chemin de niveau tertiaire qui permettait de desservir des fermes, champs et parcelles diverses. 
Cette voie romaine de 12 mètres de large, bordée par un fossé de chaque côté, a été identifiée sur une longueur de 300 mètres dans l’emprise de fouille. Ce chemin de terre était non empierré, avec une partie réservée au passage de charriots comme en attestent les ornières retrouvées sur le site, et une autre dédiée au passage des piétons. 

Des dépôts rituels romains

Les archéologues se concentrent sur une découverte particulièrement intéressante, peu connue, la mise au jour de dépôts rituels présents sur une portion de la voie romaine, datés de la fin du IIe siècle, entre les règnes des empereurs Antonin-le-Pieux et Septime-Sévère. 

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Fouille en cours de vases miniatures et céramiques découverts sur la voie romaine. © Annie Viannet, Inrap

Sur une longueur de 40 mètres, les chercheurs ont retrouvé des centaines de vases miniatures des IIe et IIIe siècles et des fragments de céramiques qui ont la particularité de correspondre uniquement à de la vaisselle de stockage et de cuisine : cruches, jarres, etc. Des monnaies, en bronze, en plomb, des Ier, IIe, et IIIe siècles sont également retrouvées. Celles en plomb sont des imitations de monnaies et n’ont aucune valeur commerciale, leur utilisation est connue uniquement dans le cadre de dépôts rituels. 

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Des vases miniatures prélevés sur le site. © Annie Viannet, Inrap

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Une des monnaies mise au jour sur le site. © Annie Viannet, Inrap

La présence et l’abondance de ces dépôts originaux renvoient à l’existence d’un sanctuaire romain à proximité. Un sanctuaire est susceptible de prendre des formes multiples, il peut parfois être très simple en termes de construction et n’avoir laissé aucune empreinte dans le sol. 

Ces dépôts rituels sur la voie romaine, à l'endroit où elle amorce un virage, seraient liés au nettoyage de la zone d'offrande de l'espace sacré. Des offrandes anciennes auraient été prélevées pour laisser place à de nouvelles puis transférées dans les fossés de la voie romaine. 

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Dépôts rituels le long de la voie romaine. © Estelle Bénistant, Inrap
En complément des observations faites sur le terrain, les études spécialisées à venir, permettront de préciser la nature des dépôts et de discuter les hypothèses actuelles. 

Aménagement : Communauté de Communes de Saint-Dizier, Der et Blaise

Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Champagne-Ardenne)

Recherche archéologique :  Inrap

Responsable scientifique : Hervé Bocquillon, Inrap