Saint-André-sur-Orne (France): Il y a 4 500 ans de grands bâtiments ...

PART.2

Sept grands bâtiments ont été repérés sur la fouille. Les deux plus grands (bâtiments 1 et 5) ont une surface au sol de près de 150 m2. Les archéologues ont mis au jour les trous creusés pour accueillir les poteaux de bois qui constituaient leur ossature.

670x510 10708 vignette poteau avec troncSur cette photo d'un des gros trous de poteau du bâtiment 1, le « fantôme » du poteau a été laissé en place, suggérant l'emploi de troncs refendus de plus d'un mètre de diamètre. © Emmanuel Ghesquière, Inrap.

Leur taille et leur proximité laissent envisager la possibilité de bâtiments sur un étage, ou équipés d’un vaste espace de combles. Les murs étaient en torchis et la toiture végétale. Tout autour d’un de ces grands bâtiments, une série de 47 trous de poteaux dessinent une ellipse d’une remarquable régularité et témoignent probablement de l’existence d’une palissade pour délimiter l’espace tout autour du bâtiment. 
Quelques objets particuliers découverts lors de la fouille (fusaïole pour le filage, pointe de flèche) et les premières datations du C14 contenu dans des ossements de faune attestent une occupation au Néolithique final, entre 2850 et 2500 ans avant notre ère.

670x510 10707 vignette pointe de fleche st 149Cette pointe de flèche à pédoncule et ailerons biseautés a été découverte d'un le fond d'un des gros trous de poteau du bâtiment 1 (Néolithique final, 2800-2500 avant n.è.).  © Corinne Thévenet, Inrap.

Toutefois, un bâtiment, le numéro 6, est plus ancien. Sa datation, permise grâce à un nombre plus important d’objets découverts dans les trous de ses poteaux, indique une occupation vers 4000 avant notre ère (Néolithique moyen). L’aménagement de ces grands bâtiments sur ce site, qui offrait des conditions propices pour l’homme, s’est donc étalé sur une très longue période. 

670x510 10705 vignette dscn6884 1Au premier plan le bâtiment 2 à deux nefs, dont la datation n'est pas encore assurée ; au second plan, le bâtiment sur tranchée de fondation en amande du bâtiment 3. De tels monuments, que l'on retrouve en Bretagne et en Basse-Normandie, sont d'ordinaire associés au campaniforme. © Emmanuel Ghesquière, Inrap.
Parmi les bâtiments identifiés, le numéro 3, de 60 m2 environ, présente un plan particulier dit en « ampoule ». Sa forme est dessinée par une tranchée continue dans laquelle étaient probablement fichées de grandes perches se rejoignant au faîtage du toit. Les perches étaient ensuite recouvertes d’une couche de chaume de roseau afin d’assurer l’étanchéité et l’isolation de l’ensemble. 

Une fonction encore indéterminée

L’interprétation de ces bâtiments reste une hypothèse. En effet, la taille de certains d’entre eux (1 et 5 en particulier) ou la technique de construction (bâtiment 3) pourraient évoquer des édifices communautaires ou funéraires, même si aucune tombe n’est présente. Á l’heure actuelle, seul le grand bâtiment 6 a livré des vestiges (céramiques, meules à céréales, outils de silex et ossements de faune) permettant de déterminer sa fonction et son usage comme maison d’habitation. 
La poursuite des études en centre de recherches, à partir des éléments enregistrés et prélevés pendant la fouille, permettra d’affiner les connaissances sur ces bâtiments et ce site remarquable. 

Aménageur : Shema

Contrôle scientifique : Drac Basse-Normandie

Recherches archéologiques : Inrap 

Adjoint scientifique et technique : Cyril Marcigny, Inrap 

Responsable scientifique ! Emmanuel Ghesquière, Inrap