Rezé (France) : Un quai de Loire du Ier siècle

 

FRANCE

Rezé Les archéologues de l’INRAP et de l’université de Nantes viennent de faire une découverte majeure, sur le site de Saint-Lupien, en mettant au jour un quai de Loire parfaitement conservé et daté du Ier siècle.

Le quai , daté des années 50 à 70, se compose d’un assemblage de planches de chênes, parfois longues de plus de dix mètres, et de plots de pierres assemblées.

 

Ce quai, qui mesure au moins 150 mètres et qui a été dégagé sur 35 m.,  est dans un très bon état de conservation, grâce à la vase et à l’eau qui ont préservé le bois de l’altération.

Cette découverte permet de mieux imaginer un port important, Ratiatum, l'ancien nom latin de Rezé. C'était dans ce port qu’étaient déchargés les bateaux des gaulois Pictons. Toutes les marchandises étaient entreposées sous des hangars qui font également  l'objet de fouilles.

 

En bas du site, le quai romain découvert par les archéologues, dans un état de conservation surprenant - © L. Failler / Ville de Rezé

On sait aujourd’hui que ce lieu était un carrefour de marchandises. Y transitaient des sacs de céréales, des amphores de vin d’Espagne, d’Italie ou de Palestine, de l’huile ou encore des matériaux de construction, qui étaient stockés dans les entrepôts découverts lors des fouilles des années précédentes. Une partie des productions était réalisée sur place : la cervoise et le séchage des céréales.

 

Fondée sous le règne d’Auguste, entre l’an 20 av. J.-C. et l’an 10 ap. J.-C., Ratiatum a connu un développement rapide lors du 1er siècle de notre ère. Ratiatum était alors la seconde ville des Pictons, après la capitale Limonum (Poitiers). Les fouilles déjà effectuées ont permis d’établir que la ville disposait d’un temple, de nombreuses villas, d’entrepôts et de magasins installés le long du port. Suite à un ensablement du port, la cité commencera à décliner à partir du 3ème siècle, au profit de Nantes. 

 

Cette découverte, unique en France,  pose très directement la question de la mise en valeur du site et du partage avec le public. À l'air libre, au soleil, le quai n'échapperait pas à la détérioration. Il est impossible de le laisser découvert.  Ce quai qui a traversé 2 000 ans d'histoire sera donc bientôt recouvert.

Mais tout n'est pas perdu. Il y a quelques jours, des scientifiques d'Arc'antique, un labo nantais de restauration et de recherche sur les objets d'art, ont littéralement enveloppé une partie du quai de fibres polyester, la fibre de verre dont sont faits certains bateaux. Ils vont ensuite réaliser un moulage, qui pourra permettre de recréer un fac-similé, une reconstitution d'une partie du quai que l'archéologue espère voir un jour installée au Centre d'interprétation du patrimoine que Rezé va construire .