Rezé (France) : les quais de l’agglomération antique de Ratiatum

INRAP

Source - https://www.inrap.fr/reze-de-remarquables-vestiges-de-quais-antiques-loire-atlantique-15980

En amont d’un projet immobilier porté par Bati-Nantes, au cœur de la ville de Rezé (Loire-Atlantique), l’Inrap vient de fouiller sur prescription de l’État (Drac des Pays de la Loire) deux emprises, de part et d’autre de l’avenue de Lattre de Tassigny. Les découvertes de nombreux vestiges antiques, médiévaux et modernes s'inscrivent dans un secteur déjà exploré au XIXe siècle, ainsi que dans le prolongement de la fouille programmée du quartier de Saint-Lupien dont une partie des résultats est présentée au Chronographe.

45 rezez2dessin3dCroquis de fouille. © Marie-Laure Hervé-Monteil, Inrap

LES AMÉNAGEMENTS DE QUAIS EN BORD DE LOIRE

La parcelle fouillée cet été se situe en bordure d’un ancien bras de la Loire aujourd’hui disparu, d’un coteau rocheux et de la plaine alluviale. Les structures portuaires les plus anciennes, datées du courant du Ier siècle après J.-C., renvoient à des aménagements de berges rares en Gaule Lyonnaise. Il s’agit notamment de constructions en terrasse proches de celles déjà reconnues dans la zone portuaire de Saint-Lupien. Elles apparaissent sous la forme de murs et de caissons de poutres de bois et de dalles de schiste qui constituent des plates-formes techniques de chargement et déchargement.

La conservation remarquable des matériaux organiques révèle une architecture exceptionnelle. Elle se caractérise par un assemblage de poutres de chêne pouvant atteindre jusqu’à 10 m de longueur et supportant des poteaux et des contre-fiches. Leur démontage minutieux a permis de relever les multiples techniques d’assemblage (tenon et mortaise, mi-bois, clous…), mais également d’observer les nombreuses traces laissées par les charpentiers (traces d’outils, marques, estampilles…). Cette architecture de bois est renforcée par un blocage aménagé de dalles de schiste, ainsi que par la construction d’un mur dans lequel une partie des poutres vient s’insérer. Ce dispositif de caissons est complété en arrière par la construction de murs de terrasses délimitant un espace de circulation.

Après de multiples réaménagements, ces constructions sont peu à peu abandonnées vers le IIIe siècle et font place à une vaste cale en pente douce qui témoigne de la continuité de la fréquentation des berges. Au sud des plates-formes, un bâtiment antique chauffé par un système d’hypocauste, un four à chaux et divers creusements témoignent par ailleurs de l’urbanisation et de la vie du quartier.
Cette découverte sera suivie d’importantes études et analyses, notamment xylologiques (études des bois), en partenariat avec le CNRS (UMR 7324, « Laboratoire Archéologie et Territoires »), qui apporteront des informations complémentaires sur Rezé et sur les aménagements portuaires en Gaule romaine.

44 reze reportage 138Nettoyage à l’éponge d’une poutre en bois. © Emmanuelle Collado, Inrap

LES AMÉNAGEMENTS POSTÉRIEURS À L’ANTIQUITÉ

L’occupation continue des berges de Loire jusqu’à nos jours est avérée, toutefois les vestiges postérieurs à l’Antiquité restent rares. La ville décline vers les IIIe - IVe siècles avant de connaître un renouveau à la fin du Ve siècle avec notamment la création d’une importante basilique paléochrétienne. Au VIe siècle, un important niveau d’inondation recouvre la cale et signe la fin de l’entretien des berges. Ces limons déposés par les débordements de la Loire sont ensuite recouverts par un imposant remblai sur lequel s’implantent plusieurs constructions et espaces de circulations. Le mobilier, en cours d’étude, permet de les situer entre le XIIIe et l’époque moderne.