Créer un site internet

Restitution des objets archéologiques

Après les têtes maories, d'autres objets seront-ils rendus à leur pays ?

Fabien Goubet

Source - http://www.larecherche.fr/content/actualite-archeologie/article?id=31311 

 toi-moko.jpg

La France a rendu à la Nouvelle-Zélande une vingtaine de têtes maories momifiées qui faisaient partie des collections de  plusieurs musées nationaux. Bien que ces têtes aient été rendues officiellement, la question de la restitution des objets archéologiques reste posée.

Faut-il rendre les objets archéologiques et ethnologiques à leur pays d’origine ? Après la récente restitution par la France d’une vingtaine de têtes maories à la Nouvelle-Zélande, la question est plus que jamais d’actualité. Les partisans du retour, dont fait partie Samuel Sidibé, directeur du Musée national du Mali à Bamako, mettent souvent en avant le caractère parfois illégal des acquisitions. Face à eux, les conservateurs des musées veillent sur leurs collections et préfèrent les voir circuler, comme Anne-Christine Taylor, du musée du quai Branly, nous l'avait confié en 2010. 

L’histoire des têtes maories illustre parfaitement ce débat. Ces têtes tatouées et momifiées, appelées toi moko, appartiennent aux ancêtres des Maoris, et à leurs ennemis les plus valeureux. Elles ont été rapportées par des marins et des explorateurs occidentaux au 19e siècle, souvent de manière illégale car leur commerce est interdit depuis 1831. Elles ont fini leur périple dans les collections de plusieurs musées français. Mais les Maoris ont voulu récupérer leurs reliques. Dans les années 1980, ils entamèrent les démarches officielles auprès des musées européens concernés. Mais la plupart des musées traînent des pieds. 

En 2007, le directeur du Muséum d’histoire naturelle de Rouen décide cependant de rendre l’une de ces têtes à la Nouvelle-Zélande. Juste avant la cérémonie officielle, coup de théâtre : Christine Albanel, alors Ministre de la Culture, interdit cette restitution. Motif : la tête fait partie du patrimoine public, qui est inaliénable.

C’est le début d’une longue controverse. C’est finalement l’Assemblée Nationale qui a le dernier mot. Elle adopte en 2010 une loi obligeant les musées nationaux à rendre les toi moko à la Nouvelle-Zélande.

Bien que la question du retour des têtes soit réglée, elle continue de se poser pour de nombreux autres objets archéologiques éparpillés aux quatre coins du monde : les reliques de Machu Picchu et les objets de l'Egypte antique n'en sont que quelques exemples.