Rennes (France): Découverte d’un temple antique sous le couvent des Jacobins

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/Les-derniers-communiques/Communiques-nationaux/p-14997-Decouverte-d-un-temple-antique-sous-le-couvent-des-Jacobins-a-Rennes.htm 

Une équipe d’archéologues de l’Inrap fouille, depuis décembre 2011, le site du couvent des Jacobins à Rennes. Réalisée sur prescription de l’État (Drac Bretagne),  à l’emplacement du futur centre des congrès de Rennes Métropole, cette fouille urbaine est l’une des plus importantes jamais menées dans l’Ouest de la France. 
À l’intérieur du couvent, dans le jardin du cloître et dans les cours extérieures, les archéologues recherchent le quartier antique, étudient son évolution en faubourg médiéval et retracent l’histoire du couvent. 
Aujourd’hui, de nombreux vestiges gallo-romains sont exhumés dont un temple du IIIe  siècle de notre ère. Parallèlement, l’archéologie du bâti, c’est-à-dire l’étude des murs du couvent, révèle l’évolution architecturale de l’édifice du XIVe au XVIIIe siècle.

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Vue générale de la cour nord, riche en vestiges antiques. © Gwénaël Herviaux, Inrap

Un quartier dynamique de la ville antique de Condate (Ier-IVesiècles)

Les 8 000 m2 de fouille offrent l’opportunité d’étudier l’ensemble d’un îlot de l’antique Condate. Délimité par quatre voies, ce quartier a connu un fort développement entre le Ier et le IVe siècle de notre ère. Les fouilles livrent, sur près de 2 mètres d’épaisseur, une accumulation de voies, murs, bâtiments…

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Restes de constructions gallo-romaines. La rubéfaction (couleur rouge du sol) suggère la présence d’occupations artisanales. ©Hervé Paitier, Inrap

Dans le jardin du cloître, de grands édifices des IIIe-IVe siècles – bâtiments publics ou grandes maisons urbaines – succèdent aux ateliers artisanaux qui bordaient un axe majeur de la cité gallo-romaine orienté nord-sud ou cardo

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Mobilier archéologique gallo-romain. © Hervé Paitier, Inrap
Dans la cour nord du couvent, les archéologues viennent de mettre au jour un carrefour majeur de la cité, au milieu duquel se dresse un temple. Découverte inattendue, c’est le premier bâtiment public antique mis au jour à Rennes, exception faite de la muraille et des traces d’arc honorifique. Quadrangulaire, de 9 mètres de long, flanqué d’un escalier il s’agit d’un temple sur podium. L’exhumation à proximité de deux statuettes (un coq et un bouc) pourrait évoquer une dévotion à Mercure.

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Bouc, coq, en alliage cuivreux de la période antique, emblèmes du dieu Mercure. © Françoise Labaune-Jean, Inrap

Ce dieu du commerce, des voyageurs et des carrefours trouverait parfaitement sa place dans ce quartier très fréquenté, riche en activités artisanales et commerciales. 

L’histoire du couvent des Jacobins revisitée

Fondé au XIVe siècle, le couvent des Jacobins occupe une place majeure dans la vie religieuse de la capitale bretonne et dans la vie politique régionale, jusqu’au XVIIIe siècle. Largement restructuré au cours du XVIIe siècle, il périclite durant la Révolution avant d’être utilisé en magasins militaires au XIXe et au XXe siècles. L’armée en demeure propriétaire jusqu’en 2002, date à laquelle Rennes Métropole l’acquiert. Le couvent des Jacobins est classé au titre des monuments historiques depuis 1991. 
Les recherches actuelles associent fouille des sous-sols et étude du bâti, afin de mieux comprendre l’évolution du couvent, de sa construction à nos jours. Ainsi, la salle capitulaire, où les frères se réunissaient, se trouve au milieu d’un espace aujourd’hui décloisonné. Les traces d’une première salle du chapitre viennent d’être retrouvées un peu plus au sud. Cet établissement religieux était florissant comme en attestent les nombreux éléments de décoration. Les sols de la chapelle de Bonne-Nouvelle et des galeries du cloître étaient composées de tomettes formant des motifs, dont les empreintes sont encore bien visibles. Ils étaient associés à une élévation ornée de pilastres peints à chapiteaux en relief. 
Le couvent des Jacobins, fut aussi un lieu sépulcral privilégié, et renferme de nombreuses inhumations du début du XVe au XVIIIesiècle. Plusieurs centaines de sépultures ont été fouillées dans l’église et la galerie des enfeus. Elles donneront lieu à une importante étude anthropologique.

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Vue latérale (en haut) et endocrânienne (en bas) d’un crâne scié. Le sciage était pratiqué en vue de l’embaumement du défunt, rituel funéraire réservé à une élite. © Rozenn Colleter, Inrap

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