Reims (France): vie quotidienne pendant la Grande Guerre : un camp allemand

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-18938-Archeologie-de-la-vie-quotidienne-pendant-la-Grande-Guerre-un-camp-allemand.htm

Une équipe d’archéologues de l’Inrap exhume actuellement des vestiges de la Première Guerre mondiale, près de Reims. Sur 4,5 hectares, cette fouille de l’Inrap, prescrite par l’État (Drac Champagne-Ardenne), est réalisée en amont de la construction d’une zone d’activités par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Reims-Epernay. Mises en œuvre pour l’étude de vestiges de l’âge du Fer et de la période gallo-romaine, ces recherches ont aussi permis la découverte d’un camp de soldats allemands à l'arrière du front. Peu de camps de seconde ligne ont été fouillés à ce jour alors qu’ils documentent un quotidien différent de celui des premières lignes.

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Vue aérienne de l’emprise fouillée © Denis Gliksman / Inrap

Un camp de seconde ligne en zone allemande

Ce camp est implanté sur un territoire occupé par les Allemands durant toute la guerre, à proximité d’un ancien nœud ferroviaire qui alimentait le front en vivres et en armes. Sur le front, chaque compagnie avait la garde d’une portion de tranchée. Elles en étaient relevées environ toutes les trois semaines, les soldats se reposant alors dans un camp à l’image de celui d’Isles-sur-Suippe, avant de remonter au front. Parmi elles, la huitième compagnie de pionniers réservistes est mentionnée sur une plaque de four en fonte. Dans ces camps de seconde ligne, l’activité militaire habituelle était assurée : formation des recrues, entraînements physiques et militaires, corvées de ravitaillement, de terrassement et de fortification des lignes arrières. 

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plaque d’identité allemande du soldat Bruno Thomas OHLAU appartenant au 2. Ersatz Abteilung Feldartillerie Regiment 21 (2e Bataillon de remplacement détaché au 21e Régiment d’Artillerie de Campagne) © Denis Gliksman / Inrap

Sur le terrain, les archéologues exhument un riche mobilier révélant le quotidien des soldats : bouteilles de vin, d’eau gazeuse, flacons pharmaceutiques, fioles en verre, boites de conserves, assiettes bavaroises et vaisselle française...

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Ensemble de mobilier 14/18 © Denis Gliksman / Inrap

De nombreux ossements animaux, portant des traces de découpe, reflètent l’alimentation des soldats. La quinzaine de fosses fouillées livre également des restes d’équipements militaires : filtres de masques à gaz, pointes de casque, semelles… Un cendrier réalisé dans une douille d’obus témoigne de « l’artisanat de tranchées ». La fouille révèle aussi quantité d’objets liés à l’hygiène. En effet, en seconde ligne, les soldats avaient le temps et les moyens de s’y consacrer.

L’une des fosses contient un mobilier insolite, sous un cheval, un crâne d’ours et ses griffes taxidermisés, probable trophée de chasse, une statuette de dogue allemand, de la vaisselle fine… Cet ensemble appartenait peut-être à un officier.

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Crâne d’ours portant des stigmates de taxidermie (tiges et clous en fer fichés dans les os). © Denis Gliksman / Inrap

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Statuette de dogue allemand en métal moulé portant des traces de peinture. © Denis Gliksman / Inrap

Des baraquements

Quatre cabanes de 13 m de long sont regroupées dans une portion du site. La fouille de la première d’entre elles révèle un plancher et un escalier en bois. Pour les archéologues il peut s’agir de cabanes de soldats, pouvant accueillir 24 hommes environ ou de soutes à munitions. Quelques cartouches françaises de première génération et datées de 1916 sont présentes dans ce bâtiment. Ces munitions récupérées servaient à défendre les secondes lignes, l’usage des armes récentes les plus performantes étant réservées au front.

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Aménagement : Chambre de commerce et d’industrie de Reims Epernay

Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Champagne-Ardenne)

Responsable scientifique : Anne-Charlotte Baudry, Inrap