Reconstitution de la vision sous l'eau en 3D

 

César : après la découverte, le jackpot

Agathe Westendorp

Source - http://www.laprovence.com/article/arles/cesar-apres-la-decouverte-le-jackpot 

 

Le dernier rejeton de César a deux yeux immenses reliés par une barre d'acier. Cet outil de photogrammétrie restitue en 3D par ordinateur la vision du Rhône sous l'eau. Il a été conçu par Jean Triboulet, maître de conférence à Nîmes au département robotique. Aucun rapport donc avec l'antiquité.

Et pourtant…, ce plongeur fouille aussi depuis trois ans avec Luc Long, séduit par l'aventure des découvreurs de César…. Un des exemples types des retombées de l'effet César. Car le buste a créé des fans de tous bords. Cet outil a donc été imaginé par ses soins pour donner un vrai coup de pouce aux archéologues: "Dans le Rhône, à cause de la profondeur, on ne peut pas forcément faire de dessins. Ce système de stéréovision sous-marine permet de faire des fouilles à sec grâce à une copie conforme qui est faite au plus près du réel. On va mettre cet outil en place pour les fouilles de cet été", explique Luc Long.

Toujours à Nîmes, l'archéologue a décidé il y a deux ans de créer avec Éric Teyssier, maître de conférence en histoire romaine et spécialiste des gladiateurs, un DU d'archéologie sous-marine."Cette formation n'existait pas en France. Et le Du est le fils naturel de César. C'est Césarion, né de rencontres, d'envies de tous les horizons", souligne Éric Teyssier. Les stages sont évidemment tout trouvés, géré par Luc Long. Et c'est l'association 2ASM notamment qui fournit le matériel de plongée aux étudiants."On commence à avoir de plus en plus de demandes d'inscriptions", note Éric Teyssier.

Et d'ailleurs au musée de l'Arles antique, on retrouve Christophe, un jeune diplômé du DU qui prépare la mise en ligne des collections. Il a pu profiter d'un mois de fouilles l'été dernier aux Saintes. Et dans les réserves du sous-sol, ça bosse dur. Les trésors du Rhône, de Camargue et des fouilles terrestres sont triés par des étudiants de master et de thèse de Montpellier. Ils apprennent à dessiner les amphores, les céramiques en vue d'une publication. Une main-d'oeuvre exceptionnelle attirée par l'aura de César. "C'est vrai que le réseau d'alliances et de collaboration avec les facultés a été décuplé", précise Luc Long.

Prochain projet : des fouilles à Beaucaire. "Cela pourrait devenir un chantier école pour l'université de Nîmes". Mais pour tout ça, il faut encore plus de subventions. Et chose étonnante, depuis la sortie triomphale de César des flots du Rhône, elles n'ont pas triplé, loin de là. "Elles ont même été réduites de près de la moitié!", lance Luc Long. Bigre, César à sec?