Réaliser un bas fourneau

 

Une expérience archéologique réussie

Francis Nin

Source - http://www.sudouest.fr/2011/07/18/une-experience-archeologique-reussie-454624-3542.php 

 

 

23 h 30, l'heure où Jean-Claude Leblanc a ouvert le bas fourneau pour récupérer le massiot de fer. photo f. N.

 « Quand les plongeurs ont découvert du minerai de fer, des morceaux d'argile, des scories et des parois de four sur un site sublacustre, ils n'arrivaient pas à faire le lien entre ces choses-là. Le Centre de recherche et d'études scientifiques de Sanguinet m'a donc contacté en 2000 et un an plus tard, j'ai confirmé un site sidérurgique. »

Jean-Claude Leblanc, chercheur en paléo-sidérurgie à l'université Paul-Sabatier de Toulouse a vite fait la relation entre cette découverte et les pirogues trouvées dans le lac. Sa proposition validée, décision fut prise d'en fabriquer un à l'identique.

Pour réaliser le bas fourneau de 1,60 m de hauteur, 30 cm de diamètre intérieur et d'un volume de 150 litres, il a fallu 800 kg d'argile et réaliser 150 briquettes. En tout, le travail a nécessité une journée complète. Le lendemain soir, après quatre heures de réduction du minerai à une température de 1500 °C en continu, l'équipe expérimentale a obtenu un massiot de 15 kg de fer. Pour ce faire, 50 kg de minerai et 600 litres de charbon de bois ont été nécessaires. Auparavant, les plongeurs du Cress avaient extrait 300 kg de minerai (fer des marais) dans le lac dont 100 kg furent concassés.

ARC 100  :  Introduction à l’Archéologie  /  Introduction to Archaeology

       ARC 101  :  Les grandes découvertes archéologiques

         ARC 102  :  Histoire de l’Archéologie / The history of Archaeology

Sous la responsabilité de Jean-Claude Leblanc, l'opération a mobilisé dix personnes, toutes issues du milieu universitaire. Des gens de formation technique qui sont devenus des chercheurs spécialisés dans des expérimentations du genre. Aujourd'hui, le bas fourneau, reproduit à l'identique de celui des sidérurgistes de l'âge du fer, est exposé au musée du Lac.

Auparavant, fonderie des ancêtres oblige, il a fallu construire un bas fourneau qui, à partir du minerai de fer des marais, a permis de réaliser un premier lingot de fer pour forger les outils (hache, herminette, etc), prouvant ainsi que la société de l'époque avait bien exploité ces matériaux.

Dix ans plus tard, organisée les 10 et 11 juillet, dans le cadre de l'événement départemental « Le Temps de l'archéologie », l'expérience a été renouvelée avec succès.

Une réussite totale pour Jean-Claude Leblanc et son équipe de chercheurs qui, au cours d'ateliers ouverts au public, ont reproduit la méthodologie des anciens (lire le détail ci-contre). « On a refait vivre Losa », confiait Jean-Claude Leblanc, satisfait de la belle interaction du public avec les scientifiques.

Utilisations comparables

« Parmi les sites archéologiques identifiés sous les eaux du lac de Sanguinet, celui de l'Estey du large est sans doute le plus surprenant. Cet espace a été occupé par les hommes à la fin de l'âge de fer, c'est-à-dire dans les siècles qui précèdent notre ère. À huit mètres de profondeur actuelle, il se présente comme un vaste airial de près de 3 000 mètres carrés, entouré d'une double rangée de palissades. » Bernard Maurin, président du Cress, rappelle que lors des fouilles sur ce site, les plongeurs archéologues ont repéré les traces de nombreux foyers et relevé une grande abondance de scories que Jean-Claude Leblanc a identifiées en 2001 comme provenant d'une industrie antique de production de fer. « Les foyers découverts, dit-il, étaient donc les indices de l'utilisation de bas fourneaux comparables à celui qui a été expérimenté sur la plage des Eaux qui rient. »