Puisserguier / Capestang : Les plafonds polissons du Moyen Âge

PART.2

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05 et 06 Toujours à Capestang, ce lapin coursé par un lévrier n’est pas seulement une image de chasse, sport préféré de la noblesse. C’est une métaphore de la conquête sexuelle, car en vieux français « lapin » se dit « conin », terme qui désigne aussi le sexe de la femme et a donné l’argotique « con ».

Tandis que dans le presbytère du village de Lagrasse, ce sont tout simplement des scènes de bordels où les moines sont d’assidus clients, qui ornent l’ancienne demeure du curé. S’agit-il de jugements moralisateurs portés sur les moines, que les curés d’alors détestent cordialement ? Ou plutôt du plaisir de posséder dans les recoins de son intérieur des images licencieuses et comiques ? Le sens de ces peintures reste encore un mystère.

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10 Cette scène d’épilation d’une prostituée à la lumière d’une chandelle, trouvée au presbytère de Lagrasse, n’a aucun équivalent au Moyen Âge et demeure un mystère.

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11 Sur ce closoir du presbytère de Lagrasse, un fou se tient derrière un soldat bandant son arbalète avec un bien étrange projectile !

« C’est en tout cas une vraie manne de nouvelles images issues de cette période, dont on croyait pourtant bien connaître l’iconographie », s’enthousiasme le chercheur. Les plans qu’il a établis battent déjà en brèche l’idée qu’il s’agissait d’un art purement décoratif, fait de motifs identiques qui se répètent. « Les images sont toutes différentes, organisées précisément dans l’espace pour se répondre », insiste-t-il. Plus d’une centaine de plafonds peints médiévaux, appartenant à d’anciennes tavernes, à des maisons de marchands ou de bourgeois, sont maintenant connus en France. Après analyse, ils donneront de précieuses informations sur la vie quotidienne du xve siècle, en marge des témoignages aristocratiques et religieux des manuscrits et de l’architecture, jusqu’alors principales références du Moyen Âge. « Nous avons maintenant accès aux images de l’univers domestique de toute une frange de la société qui cherche à représenter ses valeurs et son identité dans ses grandes maisons, et qui aime de plus en plus vivre entourée d’images », conclut Pierre-Olivier Dittmar.

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12 et 13 Les images des closoirs sont comparées à celles des manuscrits médiévaux. En repérant les correspondances, l’historien cherche ainsi des interprétations.

1. Unité CNRS/EHESS , qui fait partie du futur Campus

Condorcet-Paris-Aubervilliers.

2. Unité CNRS/Université P aris-I-Panthéon-Sorbonne.

À LIRE

Images oubliées du Moyen Âge, les plafonds peints du Languedoc-Roussillon, DRAC du Languedoc-Roussillon, septembre 2011. Cet ouvrage est téléchargeable gratuitement sur :www.rccpm.org (dans la rubrique « Un patrimoine à découvrir »).