Port-en-Bessin-Huppain (France): Une zone stratégique au début de l’Antiquité ?

Le passé antique de Port-en-Bessin-Huppain révélé par une fouille archéologique

INRAP

Source -http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-16145-Le-passe-antique-de-Port-en-Bessin-Huppain-revele-par-une-fouille-archeologique.htm

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Vue aérienne de l’emprise de fouille. © François Levalet

Une équipe de l’Inrap achève une fouille archéologique sur la commune de Port-en-Bessin-Huppain (Calvados), en amont de la construction de logements collectifs par la société Partélios Habitat. Prescrite par le service régional de l’Archéologie (Drac Basse-Normandie), cette intervention a démarré le 5 juin 2013 et concerne une surface de 4 150 m2. Dirigée par Laurent Paez-Rezende, l’opération a permis de mettre au jour une petite partie d’un habitat gallo-romain (Ier-IIIe siècles de notre ère), à laquelle succède une seconde occupation datée de l’Antiquité tardive, voire du haut Moyen Âge (Ve siècle). Ces découvertes apportent une preuve matérielle de l’occupation ancienne de Port en Bessin et donnent l’occasion pour la première fois d’étudier finement le passé antique de la commune, en lien avec d’autres sites archéologiques voisins. 

Des maçonneries antiques mises au jour

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Les maçonneries en cours de dégagement.  © Laurent Paez-Rezende, Inrap 2013.

Les archéologues ont mis au jour une série de fossés et surtout des structures bâties qui appartiennent à deux ensembles bien distincts. Le premier édifice est un grand bâtiment rectangulaire à contrefort, de 10 m de large, révélé par des fondations de maçonneries composées de mortier de chaux et de plaquettes de calcaire. Sa longueur n’est pas connue puisqu’il se poursuit en dehors de l’emprise de la fouille. 
Il s’agit probablement d’un habitat du début de l’Antiquité (Ier-IIIesiècles de notre ère), plutôt cossu, comme le suggère la présence de fragments de canalisations en plomb d’une part, et d’objets en bronze (anneaux, monnaies) d’autre part. 

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Le second édifice (petite pièce unique, appentis ouvrant sur la cour en arrière, poursuivit par le mur de clôture en haut à gauche).  © Laurent Paez-Rezende, Inrap 2013.
Le second ensemble de maçonneries, qui vient partiellement se superposer au premier bâtiment est plus restreint (12 x 6 m) et plus rudimentaire. Les fondations sont simplement constituées de plaquettes et de moellons en calcaire, sans mortier de chaux. Elles dessinent un plan comprenant une petite pièce, un appentis, une cour fermée. Un long mur de clôture prolonge cet ensemble, qui pourrait correspondre à une phase d’occupation plus tardive, aux alentours du Ve siècle ap. J.-C. 
L’un des enjeux de la fouille est de comprendre si l’occupation gallo-romaine primitive a perduré jusqu’au Ve siècle, ou si le site a été abandonné puis réoccupé. 

Une zone stratégique au début de l’Antiquité ?

Les archéologues ont également retrouvé de nombreux objets parmi lesquels des céramiques (pots à cuire, jattes, plats, coupes, amphores), des ossements d’animaux (porcs, bœufs, moutons) et des coquillages marins (moules, patelles, bulots, coquilles Saint-Jacques). Leur étude en laboratoire apportera des renseignements précieux sur les activités et les habitudes de consommation des anciens résidents. 
Au-delà des informations sur la vie quotidienne, les études à venir chercheront à établir les rôles économique et politique qu’a pu jouer Port-en-Bessin au tout début de l’Antiquité. Plusieurs thématiques de recherche se dégagent : le peuplement de Port-en-Bessin se fait-il en lien avec la présence de l’oppidum (cité gauloise fortifiée) du Mont-Castel, situé sur le même estran ? Port-en-Bessin a-t-il constitué le port maritime naturel de la capitale de cité des Baiocasses (actuel Bayeux) ? 

L’intérêt stratégique de la ville pour le commerce transmanche pourrait-il expliquer que le site ait perduré jusqu’au début du haut Moyen Âge ? Autant de questions auxquelles les archéologues s’efforceront de répondre lors des études consécutives à la fouille. Plus largement, les résultats viendront alimenter les travaux menés
dans le cadre d’un Programme collectif de recherche (PCR) consacré à l’Antiquité en Basse-Normandie. 

Aménageur : Partélios Habitat

Contrôle scientifique : Drac Basse-Normandie

Recherche archéologique : Inrap

Adjoint scientifique et technique : Cyril Marcigny, Inrap 

Responsable scientifique : Laurent Paez-Rezende, Inrap