Poitiers (France): Une nécropole antique, une autre du Moyen Age mises au jour

Deux nécropoles mises au jour rue des Herbeaux

Une nécropole antique, une autre du Moyen Age: la fouille archéologique du futur centre d'hébergement de la rue des Herbeaux a été fructueuse.

Frédéric Delâge

Source - http://www.centre-presse.fr/article-190687-deux-necropoles-mises-br-au-jour-rue-des-herbeaux.html

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La fouille, menée par 14 archéologues, a permis de révéler des vestiges dépassant largement ce qui n'avait été qu'entre-aperçu au moment du diagnostic.  fdelage

Le projet de l'Entraide sociale poitevine de construire, en bordure des rues des Herbeaux et des Caillons, un centre d'hébergement de 51 places pour personnes « victimes des accidents de la vie » (remplaçant le foyer « Carrefour » devenu vétuste) a pris de retard. En février dernier, la demande d'un couple de riverains de suspendre le permis de construire a été rejetée par le tribunal administratif. « On a déjà proposé des réunions publiques avec les gens du quartier. Il y en aura quand les tensions seront retombées », lâchait hier matin Jean-Claude Servouze, le président de l'Entraide sociale poitevine lors d'une visite du chantier de la fouille archéologique du site.

Dans un enclos funéraire antique, la seule tombe trouvée est celle d'un singe!

Car sur le plan archéologique, le chantier a suivi son cours avec plus de sérénité. Et a su réserver de nombreuses et passionnantes surprises. Dès janvier 2011, les premiers sondages menés par l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) ont révélé notamment la présence d'un ensemble funéraire antique, ainsi qu'une aire d'activités remontant au Moyen Age.
Hier matin, Frédéric Gerber, responsable scientifique de l'Inrap, en a dit davantage sur ce qu'a finalement révélé cette fouille menée sur ce site de 2000 m par 14 archéologues pendant plus de trois mois (du 9 janvier dernier au 11 avril prochain). « On a fait des découvertes inattendues: une nécropole du haut Moyen Age, et une quarantaine de tombes, avec tout le panel de population, vieux, jeunes, hommes, femmes, enfants... On ne sait pas à quoi rattacher ce cimetière, éloigné de tout sanctuaire, et pour l'instant, on le date mal, entre le V et le XI ou XII siècle. »
La nécropole antique découverte sur le site a réservé d'autres surprises: dans un enclos funéraire, la seule tombe trouvée a été celle d'un singe! C'est l'un des trois seuls cas de ce type découverts en France. « Le singe était alors l'animal domestique de certaines familles riches », explique Frédéric Gerber. Une trentaine de sépultures ont aussi été découvertes: « C'est la première fois que des tombes de cette période sont découvertes à Poitiers de ce côté du Clain. »

Sept corps d'enfants au fond d'un puits

Le site a encore révélé la présence d'une installation artisanale des XI ou XII siècle. Et aussi des découvertes plus sordides: comme ces sept corps d'enfants jetés au fond d'un puits. « On s'est interrogé mais finalement il est certain qu'ils étaient déjà morts quand ils y ont été jetés, sans doute suite à une épidémie, ou une guerre... » Il faudra maintenant au moins un an de travail pour répertorier et étudier toutes les découvertes du site. De quoi justifier un budget de 700.000€ pour cette fouille, entièrement financée par le fonds national d'archéologie préventive, alimenté par une redevance dont s'acquittent les aménageurs.
Au final, le futur centre d'hébergement devrait lui-même conserver, sous la forme de panneaux, de photos, voire de moulages, une trace visible du lointain mais si riche passé de son site...

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Une tombe de singe découverte dans une nécropole antique à Poitiers

Jean-Michel Gouin

Source - http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/communes/Poitiers/n/Contenus/Articles/2012/04/06/Une-tombe-de-singe-decouverte-dans-une-necropole-antique-a-Poitiers

Une nécropole antique et un cimetière du haut Moyen Age viennent d’être mis au jour rue des Caillons. Ici, les archéologues sont allés de surprise en surprise.

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C'est l'un des charmes de Poitiers. Partout, en surface ou dans son sous-sol, l'histoire est toujours là, en pleine lumière ou cachée… Rue des Caillons, en amont du projet de construction d'un centre d'hébergement et de réinsertion sociale (lire ci-dessous), des sondages puis des fouilles archéologiques ont été menées sur une surface de 2.000 m2.
Commencées en janvier sous la direction de Frédéric Gerber, ingénieur de recherches à l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives), elles ont permis de découvrir deux nécropoles, l'une antique, l'autre médiévale. « Nous avons d'abord mis au jour des fosses médiévales, des remblais posés au IVe siècle, des sépultures puis on a retrouvé dix fois plus, s'enthousiasme Frédéric Gerber, concernant la nécropole du haut Moyen Agenous avons fait des découvertes inattendues avec une quarantaine de tombes, hommes, femmes, enfants. On ne sait pas à quoi rattacher ce secteur, quelque part entre le Ve et le Xe, XIe siècle… »

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 Des bijoux, du mobilier, une statuette et une tombe de singe…

Dans la nécropole antique, une autre découverte a intrigué l'équipe de 14 archéologues qui s'affaire sur le site depuis plusieurs semaines. Dans un enclos funéraire de 8 m sur 8, peut-être propriété d'une famille puissante, la seule tombe trouvée a été celle d'un singe ! « C'est à ce jour le troisième cas en France. Le singe était un animal de compagnie dans les familles aisées romaines et gallo-romaines »,précise le responsable régional de l'INRAP.
A côté, une énorme fosse rectangulaire. « Est-ce qu'il y avait là un sarcophage ? », s'interrogent les chercheurs. Les fouilles menées sur le site ont aussi permis de mettre au jour une installation artisanale des XIe-XIIe siècles. Des creusements aménagés avec des poteaux et un bâtiment sur cave maçonnée laissent à penser que ce n'était pas là la seule vocation des lieux. Et maintenant ? Le coût de ce chantier de fouilles, qui s'inscrit dans le cadre légal « d'une sauvegarde du site par l'étude » est estimé à environ 700.000 euros.
Il est financé par le Fnap (Fonds national d'archéologie préventive) alimenté par une redevance payée par tous les aménageurs. Pour connaître la réelle portée de ces découvertes, faire les analyses, rédiger les rapports, les publier, il faudra bien une année.
A l'échelle de l'histoire qui s'est ainsi dévoilée sur ce site, rien de plus qu'une petite goutte d'eau dans l'océan du temps…

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http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/communes/Poitiers/n/Contenus/Articles/2012/04/06/Une-tombe-de-singe-decouverte-dans-une-necropole-antique-a-Poitiers