Poitiers (France): découverte exceptionnelle de peintures murales dans la cathédrale
DRAC Poitou
Avec plus de 600 m2 de peinture gothique, il s'agit d'un exemple unique en France, à ce jour, dans une cathédrale. Le coût total de cette opération de restauration s'élève à 800 000 euros TTC, financé entièrement par l'Etat, propriétaire
Cathédrale de Poitiers - Couronnement de la Vierge - © Drac (Crmh)
Dans le cadre de travaux sur la voûte du transept sud de la cathédrale Saint-Pierre (classée MH par liste de 1875), une série de sondages en recherche de peintures murales a été réalisée à partir de janvier 2012.
« 55 fenêtres » ont ainsi été ouvertes sous le badigeon datant du XVIIIe siècle. Les sondages ont permis de déterminer que des peintures murales médiévales étaient présentes sur la totalité des maçonneries, dans un état de conservation variable mais dans l'ensemble plutôt satisfaisant.
Cathédrale de Poitiers - Christ Juge entouré de la Vierge et de Saint Jean - © Drac (Crmh)
Le chantier de dégagement des peintures de ce bras du transept a débuté en janvier 2015.
Quatre grandes scènes y sont disposées : une représentation du Sein d'Abraham, un Couronnement de la Vierge, un Christ Juge entouré de la Vierge et de Saint Jean et un cortège d'anges tenant des couronnes. Une pluie d'étoiles, composées d'une feuille d'étain superposée avec une feuille d'or ou d'argent, vient compléter l'ensemble. Les personnages sont de dimensions monumentales (environ 3 mètres de haut).
Cathédrale de Poitiers - Cortèges d'anges tenant des couronnes, détail - © Drac (Crmh)
Ces représentations figurées sont proches du style dit Saint Louis qui se développe à partir de 1250 jusqu'au début du XIVe siècle. On peut donc envisager une datation dans le dernier tiers du XIIIe siècle. Ces figures sont exécutées avec une grande qualité de dessin et un grand raffinement. Les couleurs sont encore relativement fraîches, et la palette est variée, avec en particulier des nuances rares de rose, vert, mauve et orange.
À ce jour, les analyses ont permis de caractériser les pigments utilisés et l'état de conservation à la fois de la couche picturale, mais aussi de son support. Il a ainsi été mis en évidence que des pigments précieux avaient été utilisés comme le cinabre, l'azurite, des feuilles d'or et d'argent. Bien que fragilisé à différents endroits, le décor du XIIIe siècle est quasiment complet et fonctionne avec la mise en place des vitraux dont il est quasi contemporain.
Le dégagement des peintures nécessitera la suppression des badigeons du XVIIIe siècle. L'opération engagée permettra la restauration des vitraux historiés ouest et sud et surtout de mesurer l'harmonie de couleurs (rouge et bleu) entre les vitraux et les peintures murales.