Pierre DeSaurel (Canada): Projet archéologique des Forts

Mise au jour de restes humains

Luc Poirier

Source - http://www.soreltracyregion.net/culture/page/culture/article/a/15036

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Fin septembre, début octobre 2013, une équipe d’archéologue de la firme Arkéos inc. a procédé à l’exécution de la première phase d’inventaire archéologique dans le Vieux-Sorel, un projet de recherche initié par la Société Historique Pierre-de-Saurel et qui vise à localiser et à documenter les vestiges des différentes générations de forts érigés à Sorel sous le Régime français.

Conformément au programme élaboré, cette première campagne d’exploration a principalement ciblé l’emplacement du stationnement municipal situé en marge ouest de la rue de la Reine et au sud des installations portuaires, soit à l’endroit présumé du bastion sud-ouest de l’ancien fort de Saurel (1665-ca1760) et sur le site du presbytère de l’ancienne église de Sorel (1733-1823).

Les travaux exploratoires menés à cette occasion, une première pour le territoire du Vieux-Sorel, ont en outre mené à la découverte des tout premiers vestiges et ensemble d’objets du Régime français, des éléments contemporains de l’ancien fort de Saurel .

Dès la conclusion des activités de terrain, un travail minutieux d’inventaire et d’analyse des collections d’objets recueillis en fouille a été amorcé en laboratoire et avec le concours de différents spécialistes en culture matérielle, une procédure commune à la pratique et dont les résultats sont évidemment essentiels à l’interprétation des vestiges et des contextes observés au terrain.

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La découverte d’ossements humains laisse présager laprésence d’un site d’inhumation à proximité du presbytère, et ce, malgré l’absence de sources documentaires attestant cette hypothèse. Il s’agit ici d’ossements d’un bébé en bas âge (fragments de crâne et de clavicule) et d’un adulte (divers fragments de sacrum). photo : Alain Beaudoin

Or, le traitement de ces collections a créé la surprise en permettant d’identifier la présence dans les assemblages recueillis de restes humains, soit des ossements d’un jeune enfant (0 à 6 mois) et de ceux d’un adulte.

Historiquement, on sait que la plus grande partie du secteur ciblé par l’inventaire de 2013 recoupe un terrain propriété de la Fabrique de la paroisse de Saint-Pierre de Sorel, en particulier de l’espace occupé par l’ancien presbytère érigé vers le premier quart du XVIIIe siècle en front ouest de la rue de la Reine, face à l’ancienne église. Or, l’existence d’un cimetière aux abords de l’ancienne église, détruite vers 1833 lors de la construction de l’église actuelle, est connue, mais la présence d’ossements humains sur le site occupé par l’ancien presbytère reste une surprise. En effet, aucune source documentaire retracée à ce jour ne permet de soupçonner l’utilisation de cette portion de l’ancien terrain de la Fabrique paroissiale à des fins d’inhumation.

Bien que mis au jour dans des contextes remaniés, l’identification de ces éléments force désormais à prendre en considération sérieusement cette hypothèse, une découverte qui vient ajouter une dimension particulièrement symbolique en regard du potentiel archéologique du site et qui orientera certainement les objectifs et approches préconisés lors de la poursuite de son exploration.

À propos du projet de recherches archéologiques des Forts de Sorel

Amorcé en 2011 sous l’initiative de la Société Historique Pierre-de-Sorel, le projet de recherches archéologiques des Forts de Sorel vise à localiser et à documenter les vestiges des différentes générations d’enceintes fortifiées érigées à Sorel sous le Régime français, notamment ceux des forts Richelieu et Saurel, deux ouvrages militaires construits respectivement en 1642 et 1665 et dont les aménagements marquent le début de l’occupation eurocanadienne du territoire et la fondation de la ville de Sorel.