Pas si fous que ça, ces Gaulois !

Pas si fous que ça, ces Gaulois !

Sabrina Dufurmont

Source - http://www.lepoint.fr/arts/pas-si-fous-que-ca-ces-gaulois-18-01-2012-1420746_36.php 

 

La Cité des sciences entend démonter les mythes autour de la civilisation gauloise à la lumière des dernières trouvailles archéologiques.

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Des pièces de monnaie découvertes à Laniscat (Côtes-d'Armor), en 2007, un trésor exceptionnel. © Hervé Paitier / Inrap

Vantards, belliqueux, barbares, vivant au fond des bois vêtus d'une peau de bête avec pour passe-temps favori la chasse aux sangliers. Nos ancêtres les Gaulois n'ont vraiment pas bonne presse. Et pourtant, les dernières découvertes archéologiques révèlent un tout autre visage de cette civilisation, bien loin des clichés et des préjugés. La Cité des sciences a choisi de les présenter dans une exposition familiale, didactique et ludique. Visite guidée. 

Deux mille ans d'imaginaire ou comment la figure du Gaulois a été instrumentalisée

S'il y a bien une civilisation qui a été utilisée par les différents régimes pour dire tout et son contraire, c'est bien celle-ci. Aux oubliettes durant le Moyen Âge, car jugée peu glorieuse pour les souverains, elle renaît de ses cendres au XVIe sous la plume de juristes humanistes. Sur fond de guerre des religions, de défense de la langue française et de la monarchie, l'image du Gaulois sert à consolider le pays. Mais c'est véritablement la IIIe République qui en fait un mythe national, présentant les Gaulois comme des guerriers protecteurs. Les livres d'histoire, dans l'Hexagone et dans les colonies, racontent le récit de ces ancêtres devenus illustres. Leur visage trône même fièrement sur certains monuments aux morts. Et la propagande de Vichy les utilise pour exalter l'appartenance à la patrie et l'engagement. Une politique qui a notamment pour conséquence de jeter de nouveau un discrédit sur cette civilisation, désormais reléguée au rang d'objet publicitaire ou de personnage de BD.

Des images d'Épinal aux découvertes archéologiques

Au 2e étage, deux terrains de fouilles ont été aménagés pour permettre aux enfants d'endosser le costume d'archéologue, et des ateliers avec vidéos et jeux interactifs abordent différents aspects de la vie quotidienne. Que faisaient les Gaulois de leurs poteries ? Comment travaillaient-ils les métaux ? On apprend ainsi que la Gaule a abrité plusieurs millions d'habitants regroupés en 60 peuples ou tribus, venus s'établir en France, en Belgique, en Suisse et dans le nord de l'Italie. Si tous les Gaulois sont des Celtes, l'inverse n'est pas exact. Chaque territoire possède un ou plusieurs oppida, où les Gaulois se rassemblent lors des grands événements. Pôle politique et religieux, l'oppidum est aussi le siège d'activités financières et commerciales. On découvre également que les Gaulois sont à l'origine d'une certaine révolution agricole : invention de la faux pour engranger un maximum de foin, adoption de la meule rotative qui réduit le temps de fabrication de la farine... Et non, ils ne vivaient pas au fond des bois dans des habitations sommaires, mais dans des maisons. Si le style architectural varie d'une région à l'autre, la structure est identique : des poteaux en chêne équarris et plantés au sol, des murs en branches fines entrecroisées, recouverts d'une couche de terre et un épais toit de chaume ou de planchettes en bois. Et saviez-vous que près de 4 000 toponymes sont d'origine gauloise ? Ainsi, les Cadurques, qui ont donné Cahors, seraient les "sangliers du combat". Les Bituriges du Berry, les "rois du monde ". Et les Parises, les "hommes au chaudron".

Les trésors de cette civilisation

La dernière partie de l'exposition révèle quelques-unes des plus belles pièces retrouvées lors des fouilles. Casque d'apparat recouvert d'or et serti de corail, cottes de mailles... témoignent de la grande technicité des artisans gaulois et de leur goût. La mise au jour de sanctuaires en Picardie, en Côte-d'Or et dans le Puy-de-Dôme témoigne non seulement d'une conception architecturale adaptée à un culte communautaire réglementé mais aussi des rites précis, répétés dans le temps, qui ne différent guère de ceux pratiqués dans les sanctuaires grecs ou romains : offrande d'objets ou de végétaux, sacrifice d'animaux domestiques... La civilisation gauloise n'avait donc rien à envier à ses voisines.

Jusqu'au 2 septembre. Cité des Sciences, Paris (19e).