Paris (France): l'Inrap ouvre une fenêtre sur l'histoire de la ville

La Préfecture de police et l'Inrap ouvrent une fenêtre sur l'histoire de Paris

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-16000-La-Prefecture-de-police-et-l-Inrap-ouvrent-une-fenetre-sur-l-histoire-de-Paris.htm

670x510-6969-vignette-dsc4841.jpg

Vue d'ensemble de la fouille ou vue d'ensemble de l'église Saint Eloi et de son cloître  © Denis Gliksman, Inrap

La préfecture de police (PP) et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) vous invitent à remonter le temps et à ouvrir une fenêtre sur l’histoire de Paris, à l’occasion d’une présentation exceptionnelle des 300 m² de fouilles archéologiques préventives réalisées au centre de l’île de la Cité, au 2 rue de Lutèce, dans l’enceinte de la préfecture de la police. Ces recherches, préalables à la construction d’une nouvelle salle d’accueil du public, sont menées par quatre spécialistes de l’archéologie urbaine parisienne et une anthropologue. 
Lors de la 4e édition des Journées nationales de l’Archéologie, la préfecture de la police, avec le concours de l’Inrap, ouvrira gratuitement ses portes au public, le samedi 8 et le dimanche 9 juin, de 10 heures à 18 heures. Les visiteurs pourront découvrir le métier d’archéologue grâce à une exposition photographique et assister à une présentation commentée des fouilles. Les novices, comme les passionnés, pourront ainsi obtenir des réponses sur l’histoire de la capitale, de sa création à nos jours, en dialoguant avec les archéologues. 

Que découvrir sur l’île de la Cité ?

L’histoire de l’île de la Cité commence avec l’émergence progressive d’un banc de sable dans le lit de la Seine à partir de l’époque néolithique. Les archéologues comptent mieux saisir la formation géologique de l’île et son évolution au cours du temps. Cette recherche sera possible dans les niveaux les plus profonds du site, après avoir mis au jour l’ensemble des vestiges archéologiques. 
L’émergence du phénomène urbain à Paris (les origines lointaines de la Lutèce gauloise) est depuis toujours un enjeu historique majeur et l’objet de débats au sein de la communauté archéologique. Ainsi, récemment, des archéologues ont proposé que la cité des Parisii ait été implantée dans la boucle de la Seine à Nanterre. En effet, si César place Lutèce sur une île, aucun vestige de la période gauloise n’a encore été découvert dans l’île de la Cité.
Dès le début de l’époque gallo-romaine, le centre de Lutèce se développe sur la montagne Sainte-Geneviève. L’île de la Cité, elle, abrite alors des activités artisanales et commerciales liées au port fluvial. Au début du IVe siècle, l’île est fortifiée et entourée de remparts. Elle devient alors le centre de la cité. Des fouilles précédentes, rue de Lutèce, avaient déjà révélé de modestes constructions et une rue reliant la basilique du marché aux fleurs au « Palais », un important bâtiment administratif ou militaire, de nos jours enfoui sous le palais de Justice. 
Les fouilles archéologiques actuelles prennent place à l’emplacement de l’église moderne Saint-Éloi, reconstruite en 1632 par l’ordre des Barnabites. En 635, fut fondée, sous la direction de Saint-Éloi et sous la protection du roi Dagobert Ier, une abbaye de femmes consacrée à Saint-Martial de Limoges connu aujourd’hui sous le nom de Saint-Éloi. 

Quelles sont les premières découvertes ?

Depuis la mi-avril, les archéologues ont mis au jour l’angle sud-est de la nef de l’église des Barnabites et une partie de son cloître. Leur travail est de rechercher tous les éléments relatifs à l’histoire de cet établissement religieux depuis ses origines mérovingiennes. Ses puissantes maçonneries ont largement oblitéré les niveaux antérieurs. Dans cet ensemble, des éléments lapidaires médiévaux ont été réemployés dans les fondations de l’église du XVIIe siècle.

670x510-6973-vignette-dsc7618.jpg

Sépulture du cloître du prieuré saint Eloi (13e-14e s.), avec un vase à encens (à droite) © Denis Gliksman, Inrap

À l’intérieur du cloître, des sépultures médiévales ont été conservées : une dizaine, attribuée aux XIIIe-XIVe siècles, est actuellement en cours de fouille. Certaines contiennent des vases à encens. Ces sépultures se rattachent à une période durant laquelle les moines de Saint-Maur-des-Fossés ont supplanté les religieuses, chassées sous prétexte d’inconduite en 1107. 

670x510-6974-vignette-dsc7306.jpg

Pierre tombale gravée au nom de Petrus Graber trouvée dans le cloître du prieuré saint Eloi (13e-14e s.) © Denis Gliksman, Inrap
À ce jour, aucun élément se rapportant à l’église et au cimetière des moniales n’a été retrouvé. Si cela se confirmait, cette absence d’indices conforterait l’hypothèse selon laquelle l’église originelle fondée par Saint-Éloi se trouverait à l’emplacement de l’oratoire Saint-Martial, aujourd’hui disparu, qui s’élevait à quelques dizaines de mètres à l’est de la fouille actuelle.

670x510-6970-vignette-dsc4857.jpg

Fouille de niveaux d'occupation antiques, préservés entre des maçonneries plus récentes (XIXe siècle) © Denis Gliksman, Inrap
Les niveaux antiques ne sont pas encore fouillés. Le niveau le plus ancien actuellement repéré se situe à 5 mètres sous le sol actuel. Il s’agit d’un dépôt de crue contenant de la céramique datée des environs du début de notre ère. D’autres horizons plus anciens pourraient donc être présents.

Aménageur : Préfecture de police de Paris

Contrôle scientifique : Service régional d'Archéologie (Drac Île-de-France)

Responsable d'opération : Xavier Peixoto, Inrap