Palaiseau (France): ferme gauloise et établissement médiéval

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-17900-Evolution-d-une-ferme-gauloise-a-l-epoque-antique-et-etablissement-medieval-a-Palaiseau.htm

Dans le cadre de l’aménagement du quartier de l’École polytechnique, situé sur les communes de Palaiseau et de Saclay, une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) fouille, sur prescription de l’État (Drac Île-de-France), une emprise de près de 2 ha. Les principaux vestiges mis au jour depuis novembre 2013 sont datés des époques gauloises, romaines et médiévales. 

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Vue générale du site. © Capt'Air, Inrap.

Une occupation pérenne, des Gaulois...

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Fouille d'un bâtiment et du bassin aménagé datés de la période antique.   © Cyril Giorgi, Inrap.

L’occupation gauloise, principalement datée des IIe-Ier siècles avant notre ère (La Tène finale), est identifiée grâce à la présence d’un vaste système de fossés et de nombreuses structures en creux : puits, fosses et trous de poteaux. Les fossés en « V » atteignent plus de 2,50 m de largeur et des profondeurs jusqu’à 2 m. Leur comblement livre aux archéologues un abondant mobilier. Ces vestiges sont très variés, on recense de nombreux éléments lithiques, fauniques, métalliques et céramiques protohistoriques (limitées à fin de la période gauloise et au début de la période antique). Des amphores italiques témoignent d’importation de vin et d’échanges à longues distances. Les archéologues ont également identifié plusieurs bâtiments sur poteaux et ont relevé des structures évoquant la présence de bâtiments de stockage, d’habitations, de palissades… 
De nombreux vestiges d’un atelier de forge attestent une activité artisanale du fer. Les activités de mouture sont également représentées par la présence de meules rotatives en grès et en pierre à meulière. La découverte d’un dépôt mêlant amphores et fragments de meules suggère une pratique cultuelle ou la présence d’une inhumation, aujourd’hui disparue. 

...à l’époque romaine 
L’occupation antique (du Ier au IVe siècle) semble reprendre la trame fixée à l’époque gauloise, tout en se développant par la suite, avec la création de bâtiments sur poteaux et de bâtiment maçonnés, potentiels vestiges de la pars urbana d’une villa
Le mobilier est également abondant, varié, et très bien conservé. Il comprend de nombreux vestiges scoriacés (déchets de forge), des éléments céramiques dont certains sont complets, fauniques, métalliques (monnaies, clous, éléments de parure…) et architecturaux : torchis, imbricestegulae (tuiles)… Le mobilier céramique est principalement daté du Ier siècle avant notre ère jusqu’au IIIe siècle. Il permet d’envisager une continuité entre les deux occupations. 
La confrontation des réseaux fossoyés de la parcelle avec ceux de sites précédemment fouillés à proximité immédiate de l’actuel site permet d’estimer la superficie totale de l’exploitation à environ 8 ha. Cette trame, fixée dès les IIe-Ier siècles avant notre ère, perdurerait pendant tout le Haut-Empire, avec une modification progressive des espaces pour atteindre au cours des IIIe-IVesiècles un complet renouveau puis un abandon du site. 
L’importance de cette fouille ne tient pas réellement à la qualité des vestiges et à leur état de conservation mais à la vision élargie d’une occupation pluriséculaire, étendue sur une surface totale de près de 8 ha, ce qui en ferait l’un des sites les plus importants de la région. 

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Puits antique. © Cyril Giorgi, Inrap.

L’occupation médiévale : une plateforme castrale ?

Le site n’a livré aucun vestige pour la période comprise entre le IVesiècle et la fin du Xe siècle. Ce n’est qu’aux XIe-XIIe siècles qu’une nouvelle occupation enclose d’une superficie de 2 000 m² apparait. 
L’enclos ovale, délimité par des fossés, se développait sur 50 m de long et 40 m de large. L’accès, marqué par un probable porche, se faisait par une interruption à l’est. À l’intérieur de l’enclos, plus de quatre-vingt-dix trous de poteaux témoignent de l’existence d’un ou plusieurs bâtiments à ossature de bois, de grandes dimensions. La taille des trous de poteaux atteste le caractère imposant et ostentatoire du bâtiment principal, dont la surface semble atteindre plus de 120 m². À l’écart de la zone bâtie, plusieurs vestiges évoquent les restes de structures de stockage, et d’activités artisanales. Les vestiges mobiliers (céramiques, restes osseux, métal, verre, terres cuites architecturales…) sont peu nombreux et ne présentent pas de particularité. L’originalité de l’occupation réside plus dans sa forme et sa taille, qui s’apparenterait à une maison forte à plateforme fossoyée, dont peu d’exemples sont actuellement répertoriés sur le territoire. De plus, à l’est et au sud de l’enclos, d’autres vestiges médiévaux plus épars attestent une occupation s’étendant sur une superficie totale d’au moins 6 000 m². 
L’étude des parcelles adjacentes permettra de mieux appréhender cette occupation et l’importance qu’elle pouvait avoir à l’échelle du plateau de Saclay. 

Aménagement : Établissement public Paris-Saclay

Contrôle scientifique : Drac Île-de-France

Recherche archéologique: Inrap

Responsable scientifique : Cyril Giorgi, Inrap