Ouangani (Mayotte): 1ère fouille préventive : la sucrerie du Domaine de Coconi

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-18570-succes-journees-archeologie-2014.htm

Une équipe de l’Inrap intervient actuellement, sur prescription de l’État (Directiondes affaires culturelles (DAC - Mayotte), sur l’ancienne usine sucrière duDomaine de Coconi à Ouangani. Il s’agit de la première fouille d’archéologiepréventive à Mayotte. Celle-ci fait suite à un diagnostic réalisé en 2013 par leservice de l’archéologie de la Dac océan Indien, qui a révélé les restes d’une petitesucrerie. Aujourd’hui, cette opération de fouille, sur 500 m2, est menée en amontdes travaux de construction de la station d’épuration STEP Centre, sous la maîtrised’ouvrage du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte(SIEAM).

Une première archéologique à Mayotte

L’archéologie préventive à Mayotte en est à ses prémices. Le dispositif français d’archéologie préventive n’étant pas encore installé dans ce département, c’est le service d’archéologie de la Dac océan Indien, basé à La Réunion, qui a évalué le patrimoine archéologique de l’ancienne sucrerie du Domaine de Coconi. Jusqu’au 3 juillet, quatre archéologues de l’Inrap vont ainsi fouiller les vestiges, collecter des données sur l’architecture, l’organisation de la sucrerie, son évolution, le mode de vie de ses occupants ainsi que son fonctionnement.

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L’ancienne sucrerie de Coconi

Les vestiges de l’ancienne sucrerie sont situés sur la commune d’Ouangani, aux limites de celles de Sada et Chiconi, sur la côte ouest de la Grande Terre de Mayotte. Des bâtiments, réduits aux murs de soutènement pour partie effondrés, sont installés sur plusieurs terrasses, sans doute artificielles, entre la RN2 et la rivière Mro Oua Coconi. Des pièces de machines sont aussi éparpillées autour des ces vestiges : ces dernières correspondent à l’inventaire établi en 1873 après décès d’un dénommé Cadet pour le domaine de Coconi, un des petits établissements sucriers qui fonctionnèrent pendant la brève période industrielle de l’île, dans la seconde moitié du XIXe siècle, et dont l’histoire est moins documentée que les principaux domaines de la Grande Terre.

Premiers résultats

L’opération de fouille concerne principalement la zone de production, dont les vestiges sont les mieux conservés. Son but est de dégager, puis d’identifier les différentes parties de l’usine de manière à restituer la chaine de production. Le processus se compose de plusieurs étapes : la chaudière principale alimente le moteur à vapeur, qui permet le broyage par le moulin à cannes. Suivent alors différentes opérations qui utilisent des machines spécifiques : première décantation, évaporation, cuite et enfin raffinage. Le mode de construction associe matériaux importés (briques de Montoire, machines d’origine nantaise ou britannique…) et ressources locales (moellons basaltiques et chaux corallienne).   Les dix-sept usines sucrières de l’île sont le témoignage d’une époque industrielle, celle de la vapeur. Leur étude comparative constitue un champ d’études d’avenir sur le patrimoine technologique de Mayotte. Celui-ci, peut-être mieux connu, car ses vestiges sont encore lisibles dans le paysage mahorais, ne doit pas faire oublier les sites plus anciens. Les premières traces d’occupation humaine remontant aux VIIIe-IXe siècles de notre ère, l’île présente un potentiel archéologique important que les fouilles préventives permettront sans doute dans l’avenir de mettre en lumière.

Aménagement : Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte

Contrôle scientifique : Service de l’archéologie de la Dac-océan Indien

Recherche archéologique :Inrap

Responsable scientifique : Xavier Peixoto, Inrap