OSCAR ET ROBIN , les nouveaux archéologues

 

Oscar et Robin débardent au pied des mégalithes

Le premier est breton, le second percheron. A eux deux, ils déplacent en douceur la végétation envahissante. Et préservent des gisements archéologiques d'un autre âge.

Pierre Wadoux

Source : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Oscar-et-Robin-debardent-au-pied-des-megalithes-_40740-1577134_actu.Htm

 

Chassez la nature, elle revient au galop. Ou au petit trot puissant d'Oscar, le cheval de trait breton et Robin, le percheron. Venus de Brest, drivés de main de maître par Jean-Jacques et Vincent Seïté, (débardeurs de père en fils). Les deux fiers équidés sont à pied d'oeuvre autour d'une petite forêt de mégalithes, au coeur d'un vaste ensemble de pins maritimes et de fougères inopportunes.

Un bois que l'office national des forêts a décidé de soigner en éclaircissant l'envahissant et le dépérissant. Une initiative aussi originale qu'exemplaire. « De nouveaux gisements de mégalithes ont été découverts et sont aujourd'hui fraîchement répertoriés par la direction des affaires culturelles de Bretagne, indique Alain Féral, technicien de l'ONF, basé à Camors. Sur cette forêt d'Erdeven, avec la Drac, le conseil général et la commune, nous avons décidé de sauver la richesse archéologique du site. »

Quand on y regarde de près, les alignements sont partout. Ils s'étendent sur plusieurs hectares comme poussés par enchantement à travers, bois et clairières, champs promontoires divers. Un trésor à fleur de terreau désormais recensé. À protéger dans les règles de l'art...

Ne pas déchausser le menhir !

C'est là qu'interviennent Oscar et Robin. Pendant trois semaines, ils n'auront de cesse de traîner en bord de route forestière les immenses troncs tombés à terre, sans abîmer les colosses de granit aux pieds si fragiles... « L'utilisation, à l'ancienne, de ces chevaux de trait, était la seule façon de ne pas déchausser dolmen et menhir, sur un site méconnu (sauf des chasseurs de girolles). Pas question de perturber les monuments dont une bonne partie a été découverte par l'association des mégalithes de Carnac. »

Les chevaux, malgré leurs poids (1,4 t) ne défoncent pas le sol et oeuvrent en douceur, répondant au doigt, à l'oeil et à la parole (bretonne !) de Jean-Jacques, maître débardeur devant l'Éternel. « Ils ont un sacré coup de collier : la puissance d'un tracteur. Obligé pour « désencrouer » (NDLR : tirage directionnel d'un tronc en appui sur l'autre. Il doit tomber sans abîmer les alignements).

Cette opération de nettoyage sylvicole au coeur d'une forêt de mégalithes ¯ une première ¯ est exemplaire. Une réussite qui pourrait faire école sur d'autres sites archéologiques. Oscar et Robin en piaffent d'impatience.