Noyal-Châtillon-sur-Seiche (France): une villa gallo-romaine livre ses secrets

Source - http://www.rennes.lemensuel.com/actualite/article/2012/07/28/au-sud-de-rennes-une-villa-gallo-romaine-livre-ses-secrets-12406.html 

Une dizaine d’archéologues fouille actuellement les vestiges d’une villa gallo-romaine, découverts à Noyal-Châtillon-sur-Seiche. Le terrain doit être bâti, mais la configuration des lieux apporte des trésors d'enseignement sur la vie de l'époque.

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Tout a commencé en mars dernier. Une dizaine d'archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) explore les vestiges d'une villa gallo-romaine à Noyal-Châtillon-sur-Seiche, près de Rennes. Les fouilles ont révélé l'existence de trois installations thermales successives, qui confirment l'aisance des propriétaires.

L'existence de cette villa est connue depuis les années 1980 : à l'occasion de la construction d'un lotissement sur une parcelle voisine, l'archéologue Alain Provost en avait exploré l'aile Est. Lorsque propriétaires du terrain adjacent ont voulu entamer des travaux, début 2011, la Direction régionale des affaires culturelles a contacté l'Inrap. L'occasion rêvée de mettre au jour l'aile Ouest de la villa.

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TROIS ENSEMBLES THERMAUX

Cette villa de plus de 3 500 m² était la résidence secondaire d'une famille de riches propriétaires terriens. Construite à la fin du Ier siècle, habitée jusqu'à la fin du IVème siècle, elle a fait l'objet de nombreuses extensions, destructions et reconstructions successives. Les archéologues sont confrontés à un enchevêtrement de fondations datant d'époques différentes.

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La grande surprise de ce chantier, ce sont les trois ensembles thermaux successifs, datant respectivement des Ier, IIème et IIIème siècles. Dotés d'un système de chauffage très élaboré, avec une circulation d'air chaud sous le plancher et à l'intérieur des murs, ils représentent une installation très coûteuse. Pourtant, au cours des siècles, cette famille n'a pas hésité, par deux fois, à détruire l'installation antérieure, dont le plancher s'était affaissé, pour faire place à un nouvel ensemble.

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Les derniers thermes ont finalement été abandonnés, vers l'an 320, pour faire place à un séchoir à grains. "Il n'y avait peut-être plus d'arbres à couper dans le secteur pour alimenter le feu", avance Romuald Ferrette, directeur de l'équipe. En effet, pour maintenir une température constante de 50° C dans la pièce la plus chaude, les domestiques entretenaient jour et nuit un énorme feu de bois. "Ce n'était pas très écologique", plaisante-t-il.

Outre les thermes, de nombreux signes rappellent l'aisance de cette famille :  une grande salle de réception chauffée, une vaste cour intérieure, des murs décorés de peintures aux couleurs vives, de plaques de schiste sculptées ou de mosaïques... Mais aussi une multitude de petits objets de la vie quotidienne : bague en argent, casserole en bronze ornée d'un caducée, plat ouvragé en argent...

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Autant de trésors pour mieux comprendre la vie de ces riches propriétaires terriens. "Chaque villa est unique, et apporte sa pierre à la connaissance de cette période", souligne le président de l'Inrap.

Celle de la rue des Potiers sera "sauvegardée par l'étude", ce qui signifie qu'elle ne sera pas conservée en l'état. Une fois le chantier de fouilles achevé, fin septembre, les propriétaires pourront, enfin, faire construire leur maison. De la villa, il ne restera que des photos et des plans, qui viendront illustrer les livres d'histoire régionale. Des objets qui iront peut-être rejoindre les vitrines d'un musée. Et des souvenirs pour les archéologues qui auront participé à ce chantier...

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