Nîmes (France) : découverte d'une église paléochrétienne et d'un cimetière

PART. 2

À partir de la fin du IVe et du Ve siècle, les sépultures sont majoritairement orientées à l’ouest et s’organisent au plus près de l’église, alors bâtie. Les tombes sont construites à l’aide de différents matériaux comme la pierre, la tuile ou le bois. Des contenants en bois -cercueils- recevant les défunts y sont déposés. Elles peuvent également dans quelques rares cas se présenter sous la forme d’un creusement opéré directement dans le substrat et dessinant la forme du corps, en particulier l’emplacement de la tête. Les objets accompagnant ces premières sépultures chrétiennes sont rares : il s’agit le plus souvent de balsamaires en céramique produits en Tunisie, destinés à contenir des huiles parfumées. Huit ont été découverts sur le site.

21bouteilles deposees dans les tombesBalsamaires en céramique – M.Rochette / Inrap

Les tombes bâties en pierre utilisent des remplois antiques variés : stèles, inscriptions, orthostates et dalles, marches, caissons de plafond, tuiles en terre cuite ou en pierre, colonnes, moulures, placage de marbre…

16tombe denfant dans un coffre fait de steles antiquesTombe d'enfant constituée de stèles en remploi – F.Leroy / Inrap

Ces nombreux emprunts témoignent de la proximité d’un secteur de nécropole du Haut-Empire où les mausolées romains, en ruine, ont été démontés pour constituer les tombes paléochrétiennes. Il est possible que la réutilisation de ces matériaux ait eu une forte valeur symbolique.

C’est donc quelques décennies après l’installation du premier évêque de Nîmes connu par les textes qu’a été construite l’église qui vient d’être découverte. Elle se situe en périphérie de la ville dans un quartier où les nombreuses découvertes anciennes, permettent de penser qu’il était dédié depuis l’Antiquité à une vaste aire funéraire le long d’un axe contournant la ville. Les archéologues ignorent encore à qui était dédiée cette église, si elle était construite autour de la tombe d’une personne au statut particulier. Ils ignorent aussi si l’église mentionnée dans les textes à partir du Xe siècle sous le vocable de Sainte Perpétue correspond à celle mise au jour cet hiver, ou s’il s’agit d’un édifice plus ancien.
La vocation funéraire des lieux, observée sur plusieurs siècles, témoigne également de la transition entre la période antique et le haut Moyen Âge, certaines pratiques évoluant au cours des siècles, comme l’enracinement du christianisme à partir des IVe-Ve siècles.
Dans les mois à venir, l’étude de l’ensemble des données recueillies lors de la fouille permettra de mieux comprendre l’importance de cette église dans la topographie nîmoise de la fin de l’Antiquité, d’analyser les architectures funéraires, les gestes et les pratiques, et de connaître la population inhumée au sein de ce cimetière.

Voir le reportage vidéo : "Découverte de la plus ancienne église de Nîmes"