En attendant l’ouverture du chantier de la zone d’activités de Meyenheim, des fouilles archéologiques préventives permettent d’en savoir un peu plus sur l’occupation du site.
Jean-Marie Schreiber / Photos : L'Alsace / Jean-Marie Schreiber
Source - http://www.lalsace.fr/haut-rhin/2016/05/07/un-habitat-du-haut-moyen-age-dtdp
Les usagers de la RD 201, entre Ensisheim et Meyenheim, auront sans aucun doute repéré depuis quelques semaines, deux énormes tas de terre au carrefour avec la RD 3B allant vers la base du RMT. Des tas de terre et une certaine activité, bien que discrète.
Pendant six semaines, les chercheurs de la société Antea-Archéologie, une société basée à Habsheim, y ont effectué des fouilles, conformément à la réglementation. Un décret de février 1986 généralise en effet la réalisation des fouilles préventives sur tout permis de construire dans les zones de risques archéologiques. Or, la commune de Meyenheim, dont le passé historique est très ancien, remontant à l’âge de bronze, a prévu, au sein de la Communauté de communes Centre Haut-Rhin, la réalisation d’une zone d’activités à cet endroit. D’où les fouilles sur une surface de 4500 m², sur deux secteurs déterminés après des sondages. Le premier, le plus éloigné du village, est une zone funéraire gallo-romaine, le second, un habitat médiéval.
« Une aire funéraire »
Ces deux zones ont d’abord été décapées sur une profondeur de 60 à 100 cm. Ce qui a permis de déterminer - notamment par la différence de coloration du sol : ocre pour la terre agricole, brun un peu noirâtre pour les vestiges anciens - deux secteurs d’habitat ancien, de périodes différentes. Le secteur le plus ancien s’est révélé être une zone funéraire constituée d’un enclos fossoyé (entouré d’un fossé en forme de V) rectangulaire d’environ 16,50 m sur 18,50 m, au centre duquel est implantée une probable sépulture à crémation. Aucun élément de mobilier n’a été trouvé à l’intérieur de cet enclos fossoyé.
Pour Hélène Barrand Emam, qui dirige le chantier de fouilles, « l’ensemble pourrait correspondre à une aire funéraire individuelle dans laquelle seraient présentes les différentes étapes des funérailles ». Dans un premier temps, a été installée l’aire de crémation. Dans un second temps, aurait été installé l’enclos fossoyé rectangulaire pour délimiter l’espace funéraire. Puis, dans un laps de temps indéterminé, un banquet funéraire a probablement été effectué lors d’une cérémonie pour honorer la mémoire du défunt.
L’ensemble des éléments utilisés par les participants (vase en céramique, verre, ossements animaux, végétaux, métal…) auraient été ensevelis dans une fosse à offrandes implantée sur l’enclos, côté sud. Des éléments de céramique provenant de cette fosse permettent de situer l’utilisation de cet ensemble à la période augustéenne, c’est-à-dire aux alentours de l’an 0.
Autre découverte : des vestiges de palissade, sur une longueur de 116 mètres. Postérieure à l’enclos funéraire (deux trous de poteaux recoupent l’enclos), elle est composée de 57 poteaux parfaitement alignés, espacés de manière régulière d’environ 1,20 m, d’un diamètre d’environ 60 cm. La fouille systématique de chaque poteau n’a pas révélé grand-chose : seuls quelques charbons ont pu être collectés. Ils feront l’objet d’une datation par radiocarbone.