Mercure règne sur Bliesbruck
Le parc archéologique de Bliesbruck plonge dans l’intimité des rites pratiqués en famille, dans l’Antiquité.
Source - http://www.republicain-lorrain.fr/moselle/2011/04/29/mercure-regne-sur-bliesbruck
Star parmi les dieux gallo-romains, Mercure est au cœur de la nouvelle exposition visible du 1 er mai au 16 octobre au parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim. Photo Thierry NICOLAS
Un jeune homme nu et imberbe, un simple manteau lui couvre en partie l’épaule. Il a une bourse à la main. C’est Mercure. Le dieu le plus honoré au nord des Alpes, comme César l’écrivait dans son Commentaire sur la guerre des Gaules. Il est au cœur de l’exposition annuelle du centre archéologique de Bliesbruck-Reinheim, intitulée « Mercure & Cie : culte et religion dans une maison romaine ». Du 1 er mai au 16 octobre, elle invite à découvrir les sacrifices et actes de piété pratiqués dans l’intimité familiale.
Mercure était « le plus chéri de tous » parce qu’il était le dieu du commerce, du gain, et de tout ce qui concernait l’argent. Bagues à son effigie, statuettes de bronze ou de pierre déterrées en Suisse (d’où vient le cœur de l’exposition), à Sarrebruck ou Metz : sous toutes ses formes, Mercure a ses attributs classiques, chaussures ailées (pour sa fonction de messager des dieux) et caducée (bâton aux serpents enlacés qui le rend invulnérable). « Mais l’intérêt est de voir comment ses particularités sont déclinées dans les différentes régions », commente Jean-Paul Petit, conservateur en chef du patrimoine.
Toute protection est bonne à prendre
Même constat dans la galerie d’effigies qui ouvre l’exposition sur le « panthéon très compliqué » des Gallo-Romains. Car dans le monde polythéiste, on adopte volontiers les dieux des voisins. Le culte impérial est obligatoire pour les populations conquises, mais toute autre protection est bonne à prendre… Pour obtenir la faveur des immortels, le pater familias doit sacrifier à des rituels et offrandes.
« La difficulté, c’est que le rite est une pratique. Mais on n’a que les objets de cette pratique, observe Philippe Brunella, également conservateur en chef du patrimoine. Est-ce qu’on s’avançait vers la divinité ? On s’agenouillait ? » Pour comprendre, on confronte les objets, par exemple avec ce laraire : une niche et ses figurines découvertes quasi intactes près de Nantes.
L’exposition exhibe un autre objet exceptionnel : l’attirail d’un magicien, dont un brûle-parfum marqué d’incantations aux quatre points cardinaux. Sans oublier toute une collection de phallus. Ni objets sexuels, ni indicateurs de la direction des lupanars : « C’était pour chasser le mauvais œil , certifie Jean-Paul Petit. On les portait en pendentifs. Même les animaux en avaient au cou. Et on les plaçait sur les façades des maisons. » Ici, les plus imposants atteignent 35 cm.