Le Mas-d'Azil. Les secrets de la grotte mis au jour
Source - http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/11/1258109-les-secrets-de-la-grotte-mis-au-jour.html
Toute dame a ses mystères. Et la grotte du Mas-d'Azil ne déroge pas à la règle. Depuis plus de cinquante ans, les scientifiques pensaient que la grotte avait livré la plupart de ses secrets. Les prospections archéologiques préventives, à l'occasion du projet de valorisation, ont montré le contraire.
Stupéfaction de Manon Rabanit, géoarchéologue de l'INRAP (institut national de recherches archéologiques préventives), lorsque sur une paroi jusqu'alors réputée comme ne comportant pas de matériel archéologique, elle découvre, il y a moins d'un mois, un placage qui pique sa curiosité.
Aussitôt, un diagnostic archéologique est lancé, les travaux sont stoppés. « Ce placage, des sédiments plaqués sur la paroi, était recouvert de poussières dues au temps et aux pots d'échappement, explique Marc Jarry, archéologue expert de l'INRAP. Il a échappé aux fouilles passées et donc à la destruction. Il y a presque 100 m2 de surface très intéressante ». Ce gisement stratifié, c'est-à-dire composé de couches superposées datant d'époques différentes, contient des fragments d'os, de silex, des sédiments et un matériel faunique.
Une découverte phénoménale qui va très certainement aider les scientifiques et historiens à comprendre les différentes phases d'occupation de la grotte. L'Arize a-t-elle inondé la grotte ? Les hommes à l'ère magdalénienne vivaient-ils au niveau du parking actuel ? Quel climat connaissaient-ils ? Autant de questions que les archéologues sont en droit de se poser. « Nous devons travailler dans une logique conservatoire, poursuit Michel Vaginay, conservateur régional d'archéologie. Quand on fouille, on détruit. Ce que nous avons là est exceptionnel. Nous cherchons des solutions qui nous permettent de déconnecter la recherche de l'aménagement ».
UN CHANTIER QUI S'ADAPTE À LA DÉCOUVERTE
Et c'est là un des nœuds du problème. Qui dit fouille dit retard dans les travaux d'aménagement de la grotte. Et pour cause, le gisement se situe à l'endroit où devaient être posés deux piliers du toit du centre d'interprétation. Mais politiques, architectes et scientifiques travaillent main dans la main. Une solution devrait ainsi être rapidement trouvée et les découvertes intégrées dans le projet de valorisation de la grotte. Pourtant, le chantier ne sera pas livré dans les délais initiaux (juillet 2012). Pour le bien de l'économie du territoire, la municipalité du Mas-d'Azil a cependant décidé de stopper une nouvelle fois les travaux, de juillet à septembre, afin d'assurer l'ouverture estivale. D'ici là, la passerelle d'accès à la grotte sera terminée et les galeries seront sécurisées. La totalité des aménagements devrait être accessible au printemps 2 013.
Pour Dominique Paillarse, directeur régional des affaires culturelle de la DRAC de Midi-Pyrénées : « On oubliera toutes ces péripéties après les conclusions scientifiques liées à ce gisement. Cette découverte est une grande chance pour le site ». Une chance qui provoque un regain d'intérêt de la part de toute la communauté scientifique pour la grotte du Mas-d'Azil. Une dame de pierre qui n'en finit décidément pas de surprendre.