Martigny (Suisse) : Des thermes romains et des bustes ont été retrouvés dans le sous-sol de la ville

 

Le sol de Martigny livre des trésors inestimables

Source -http://www.tdg.ch/sol-martigny-livre-tresors-inestimables-2011-07-24-0 

 

Des thermes romains et des bustes ont été retrouvés dans le sous-sol de la ville valaisanne

Durant douze ans, les archéologues ont déambulé à la rue de Morasses, à Martigny, à quelques dizaines de centimètres au-dessus d’un trésor inestimable. «Dans les années 80, nous avions installé notre bureau de fouilles dans une villa construite à cet endroit, raconte François Wiblé, archéologue cantonal du Valais. On ne se doutait pas de ce qui se trouvait juste sous nos pieds!»

Il aura fallu attendre le réaménagement de la rue en question pour mettre au jour deux torses de statues en marbre, «d’une qualité exceptionnelle, souligne l’archéologue. Il s’agit d’un Hercule et d’un torse de jeune homme.»

La découverte a nécessité une petite dose de hasard. A la fin du mois de mai, les scientifiques surveillaient le chantier et la pose de canalisations lorsque les premiers vestiges ont été aperçus. Un bassin tel qu’on en trouvait dans les établissements thermaux romains a rapidement été mis au jour. «Cette structure était adossée à un mur très épais, explique François Wiblé. C’est en dégageant l’autre côté du mur pour mieux comprendre le plan de ce bâtiment que nous avons trouvé les deux statues.»

Un détail risque de faire cogiter les scientifiques pendant encore quelque temps: les bustes étaient allongés sur le dos, parfaitement alignés le long du mur antique. «Vu leur position, ils ne sont pas tombés lors de la destruction du bâtiment. On les a déposés soigneusement.»

Une chose est sûre, ces trouvailles témoignent de l’opulence du bâtiment mis au jour. La découverte d’un stylobate, alignement de blocs servant de base aux colonnes d’un péristyle, constitue un autre indice de la richesse du propriétaire. «Ce n’est pas une surprise, note François Wiblé. Nous nous trouvons dans les «beaux quartiers» de la ville antique, à quelques dizaines de mètres du cœur économique.»

La fonction de ces thermes reste encore floue. Etablissement public? Privé? Cette dernière hypothèse semble plus plausible: «Je pense que nous avons plutôt affaire à une domus, une résidence de notable. A ce jour, nous avons dégagé deux complexes thermaux publics non contemporains, à Martigny. C’est déjà beaucoup.»

L’âge des vestiges est également difficile à déterminer. «Dans un lieu de vie, comme une cuisine, on retrouve beaucoup de tessons de céramiques ou d’autres objets qui nous fournissent des indications de date très précises, explique le chef de l’archéologie valaisanne. Dans des bains, ce matériel est plus rare. C’est logique: ces pièces étaient régulièrement nettoyées.» Les premières observations permettent toutefois de préciser une fourchette large: «Ce bâtiment date probablement du IIe siècle ap. J.-C., au plus tôt. Et il a sans doute été occupé jusqu’au IVe siècle.»