Marseille (France): Service régional de l’Archéologie, bilan scientifique 2011

David Coquille

Source -http://www.lamarseillaise.fr/societe-quartiers/des-fouilles-mettent-au-jour-des-tresors-enfouis-27624.html

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Tombes rupestres (haut) du majestueux oppidum de Saint-Blaise (Saint-Mitre-les-Remparts) fouillé depuis 1935 . photos D.C.

Le Service régional de l’Archéologie publie son bilan scientifique 2011 : 305 opérations de fouilles préventives et programmées dans une région qui compte 32 000 sites archéologiques.

Qu’elles soient préventives, en urgence absolue ou programmées, les fouilles archéologiques conduites dans la région livrent en abondance aux chercheurs les vestiges d’un patrimoine enfoui et souvent menacé par les aménageurs. 
Le Service régional de l’archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles présente un « bilan scientifique 2011 » des plus intéressants. L’organisme qui fête ses vingt ans d’existence a délivré depuis 1991 pas moins de 5 000 autorisations de prospection en Paca. Les découvertes parfois exceptionnelles dont le document de 275 pages dresse l’inventaire 2011 et propose la synthèse, sont aussi pour la Drac l’occasion de saluer le travail remarquable, souvent difficile et pas toujours reconnu, accompli par plus de 600 personnes, chercheurs du CNRS, archéologues des services municipaux, agents de l’Institut national de recherches archéologiques préventives, salariés et bénévoles d’associations. 
Parmi les exemples spectaculaires de mises en valeur récentes cités dans l’ouvrage publié, Xavier Delestre, le Conservateur général du patrimoine, souligne l’extension du musée de l’Arles antique nécessitée par les découvertes majeures dans le lit du Rhône ou encore la découverte d’un forum et d’un amphithéâtre à Vaison-la-Romaine (Vaucluse).

A l’âge du Bronze, des indigènes aixois se faisaient incinérer

Dans les Bouches-du-Rhône, 100 opérations ont été autorisées et menées en 2011, dont 22 à Aix-en-Provence, 17 à Marseille et 12 à Martigues. Des chiffres qui situent l’importance historique et la richesse patrimoniale de ces villes. Ainsi aux abords de la Cité du Livre à Aix-en-Provence, à l’emplacement du futur conservatoire de musique et de danse, les chercheurs ont mis au jour les restes d’une petite nécropole de la seconde moitié du XIIIe siècle av. JC sous la forme de cinq urnes funéraires en céramique de l’âge du Bronze (de -2200 à -800). Une découverte remarquable qui renseigne sur des pratiques funéraires méconnues sur cette période : l’incinération des morts n’était jusqu’alors attestée qu’aux frontières de l’Italie septentrionale. « La nécropole aixoise est donc à ce jour le témoin le plus occidental de ce phénomène », écrivent ses inventeurs. Autre mise à jour d’importance, le cimetière du premier couvent médiéval des Carmes (d’avant 1272), dégagé au 1, avenue Maréchal de Lattre de Tassigny. Il était dédié à une population ordinaire qu’atteste la présence de squelettes de dix adultes et huit enfants. A Cornillon-Confoux, trois sarcophages en calcaire de Calissanne ont été sortis en mai dernier à l’emplacement d’une nécropole paléochrétienne connue depuis les années soixante. Leur datation au carbone 14 est en cours. Non loin, à La Fare-les-Oliviers, sur le terrain de Jonquière, un site d’habitat néolithique (4 000 av. JC) a été révélé avec la sépulture d’un jeune adulte masculin lové dans un silo au coté d’un coquillage et d’un silex.

Les remparts de Saint-Blaise

A Marseille, au coeur du Panier, des fouilles de sauvetage à l’occasion de la requalification de la place du Refuge ont mis au jour des murs et des caniveaux d’époque hellénistique et romaine. 
Un petit habitat rural d’époque augustéenne (le premier empereur romain meurt en 14 ap. JC) a refait surface allée des Vaudrans, 12e, avec des fragments d’amphores et de dolia pour le stockage d’huile, de vin ou de saumures. Aux abords du stade Vélodrome, affleurant la nappe phréatique, du mobilier céramique romain a été dégagé. D’importants vestiges des fondations de l’enceinte du lazaret du XVIIIe siècle sont apparus rue Melchior-Guinot, 2e, sur le site de futurs logements étudiants. 
L’antique Maritima Avaticorum est un terrain d’étude inépuisable pour le service archéologique de la Ville de Martigues. L’agglomération gallo-romaine de Tholon qui jouxte le lycée Langevin a livré des déchets alimentaires d’un dépotoir du Ier siècle avant JC et des objets du quotidien (palette à fard, dé en os). A Ferrières, ce sont les restes d’une glacière de 1687 qui ont ressurgi. Construit en vertu d’un privilège accordé aux consuls de Martigues, l’édifice où se négociaient les précieux pains de glace avait été abandonné à la Révolution.
C’est sans conteste le majestueux plateau de Saint-Blaise à Saint-Mitre-les-Remparts, site archéologique majeur en Méditerranée occidentale, qui offre à l’équipe martéguale de Jean Chausserie-Laprée les plus belles découvertes scientifiques dans la lignée des premières campagnes de fouilles lancées dès 1935 par l’éminent Henri Rolland, le fouilleur de Glanum décédé en 1970. L’étude des remparts hellénistiques de ce vaste oppidum celto-ligure devenu comptoir des Etrusques et habité jusqu’en 1390 suscite autant d’émerveillement que ses innombrables stèles gauloises et les 300 tombes rupestres de sa nécropole.