Marseille (France): Fouille de la chapelle de la Capelette

Fouille de la chapelle de la Capelette à Marseille : les archéologues de l’Inrap explorent à présent le sous-sol

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-17674-Fouille-de-la-chapelle-de-la-Capelette-a-Marseille-les-archeologues-de-l-Inrap-explorent-a-present-le-sous-sol.htm

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Intérieur de la chapelle vu depuis la nef.  © Bernard Sillano, Inrap

Dans le cadre de la mise en place d’une ZAC par la société Soleam, dans le 10e arrondissement de Marseille, la chapelle de la Capelette, fortement dégradée, était promise à la démolition. En préalable à ces travaux, une fouille préventive, prescrite par l’État (Drac PACA, Service régional de l'Archéologie), est menée par une équipe d’archéologues de l’Inrap. La chapelle, construite en 1654 sous le vocable de Saint-Laurent, est emblématique puisque le quartier lui doit son nom. Deux incendies récents en ont détérioré de manière irrémédiable les couches picturales, détruit le couvert et provoqué l'effondrement progressif de la coupole du chœur, rendant l'édifice dangereux. Cependant, le clos, alliant pierres de taille, briques et murs enduits, était bien conservé. L’opération archéologique a ainsi consisté, dans un premier temps, à étudier le bâti et à fouiller le terrain attenant, où se trouvaient le presbytère et le cimetière, puis à explorer le sous-sol de la chapelle.

La chapelle

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Fouille du pavement de la chapelle, après destruction de l’édifice.  © Bernard Sillano, Inrap

Longue d’environ 20 mètres pour 8,50 mètres de large, la chapelle se composait d’une nef et d’un chœur, de superficies similaires, séparés par un arc doubleau en pierre de taille. L’étude archéologique consiste à restituer la genèse de l’édifice, depuis sa construction, au moyen d’écroûtages successifs. La nef était couverte d’un voûtement en berceau avec quatre lunettes largement pénétrantes. Elle était éclairée par deux fenêtres hautes. Le chœur, de plan presque carré, était surmonté d’une coupole faite de briques disposées en pare-feuille qui repose sur des pendentifs aux angles. Les portes latérales ainsi que le portail d’entrée sont en pierre de taille. Les rares fragments d’enduit peint conservés suggèrent que les murs étaient de couleur blanche alors que les structures portantes étaient jaunes. Le sol de la nef est pavé de carreaux alors que celui du chœur a disparu. La première travée abrite un caveau, tandis que la seconde est occupée par des tombes, marquées au sol par des dalles en pierre de taille. Au centre du chœur, une structure quadrangulaire pourrait correspondre à la fondation d’un autel.

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Fouille des abords de la chapelle. © Cécile Martinez, Inrap

Le cimetière

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Pavement de la chapelle avec emplacement d’une tombe. © Bernard Sillano, Inrap

Les inhumations à l’intérieur de la chapelle ont cessé en 1776, en application de la décision royale qui interdit d’établir des sépultures dans des lieux clos. Un cimetière est donc créé à l’extérieur. En 1862, lorsque la chapelle est transformée en école publique, les ossements sont déplacés vers le cimetière Saint-Pierre ; la fouille n’a effectivement révélé, à son emplacement, que des terres remaniées contenant quelques objets funéraires. Plusieurs sépultures antérieures à la chapelle ont en revanche été mises au jour en bordure du boulevard Lazer. Par leur aspect, elles se rapprochent des tombes de l’antiquité tardive ou du Moyen Âge, ce que préciseront les datations au C14. Il pourrait s’agir des tombes les plus profondes d’une plus vaste nécropole, réchappées des travaux de nivellement modernes. 

Les archives écrites

La recherche en archives menée parallèlement à la fouille s’est avérée fructueuse. Elle révèle qu’en 1653, le terrain a été cédé aux possédants de bien du quartier alors appelé Canissat. La chapelle a été construite en 1654, sur ordre d’Anthoine de Valbelle. Elle s’inscrit dans la tradition des chapelles de secours, édifiées et entretenues avant la Révolution afin d’organiser un culte patronal dans les quartiers, dont la plupart ont disparu sur le territoire marseillais, souvent, arasées pour faire place à des édifices plus imposants. Les prix-faits (devis) montrent que murs et voûtements de la chapelle ont été construits par des entrepreneurs différents, ce que confirme l’étude archéologique. Église succursale à compter de 1803, puis de nouveau chapelle de secours, elle est abandonnée lorsque, en 1850, est construite l’actuelle église paroissiale Saint-Laurent. Par la suite, elle devient successivement école, poste de police, fabrique de peinture ou encore boutique d’électroménager. 

Aménagement : Soleam 

Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur) 

Recherche archéologique : Inrap 

Responsable scientifique de l’opération : Bernard Sillano, Inrap