Marquion - Sauchy-Lestrée (France): villas et sépultures gallo-romaines

Le Nervien de haut rang avait sa dernière demeure à Marquion et à Sauchy-Lestrée

Benoît Fauconnier

Source - http://www.lavoixdunord.fr/region/le-nervien-de-haut-rang-avait-sa-derniere-demeure-a-jna29b0n536797 

Les fouilles prescrites par l'État sur le site de la future plate-forme multimodale de Marquion - Sauchy-Lestrée, sur l'emprise du canal Seine-Nord, ont révélé de nouvelles sépultures exceptionnelles.

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PHOTOS « LA VOIX DU NORD »

Avant même sa construction, elle a fait couler beaucoup d'encre, la plate-forme de Marquion - Sauchy-Lestrée. Pour de bonnes raisons ! Sur les 154 hectares prévus (les deux tiers sur la commune de Sauchy-Lestrée, et le dernier tiers sur Marquion), vingt-sept ont été fouillés. Deux villas gallo-romaines ont déjà été mises au jour et de nombreuses sépultures, dont certaines « aristocratiques » du IIe siècle avant notre ère.

Dans un secteur de deux hectares, sept archéologues de l'équipe de Claire Barbet (INRAP) viennent de découvrir six nouvelles sépultures gallo-romaines monumentales, datées de la fin du Ier siècle, et du début du IIe siècle.

Elles sont rares, parce que profondément enfouies, selon Claire Barbet, montrant les couloirs d'accès, les marches qui descendent aux chambres funéraires, situées sous d'imposants monuments (disparus), prenant la forme de mausolées ou de chapelles, autrefois visibles de la voie romaine Arras-Cambrai. Certaines chambres ont été trouvées à six mètres de profondeur, dans un substrat loessique. Ce qui a nécessité des excavations par paliers, formant une pyramide inversée, pour éviter les parois trop hautes.

Trois des sept chambres découvertes, où étaient amenés les restes d'incinération, ont été pillées. Les autres ont révélé une richesse particulière. « On a du cuir, du bois bien conservé, des ornements en bronze. On a un bout de tissu avec des fils d'or brodés », relate Claire Barbet. Les offrandes au défunt sont, elles aussi, bien conservées. On trouve des céramiques, des monnaies de bronze, des verreries, des restes osseux d'animaux, et des pièces métalliques liées au culte du foyer avec un gril, un trépied, un chaudron, des couverts. « On voit aussi des objets liés au culte des ablutions purificatrices : un bassin en céramique ou en bronze, des fioles à parfum... » Autre belle curiosité : une coquille Saint-Jacques en bronze, applique de décor sur du bois. « C'est curieux parce que nous ne sommes pas en secteur maritime, et il n'y a jamais eu la mer ici. » L'abondance de biens retrouvés dans les chambres, alignées et distantes de quatre mètres les unes des autres, prouve que les personnes dont les restes incinérés ont été déposés là étaient de haut rang. Les archéologues de l'INRAP ont émis l'hypothèse d'un lien éventuel entre ces sépultures et la présence de la villa gallo-romaine, fouillée l'année dernière.

Sur la parcelle fouillée, des sépultures plus récentes (du IVe siècle quand même) ont également été retrouvées. Il s'agit de sépultures d'inhumation, dans des cercueils eux aussi fournis d'offrandes. « Si les cercueils sont bien conservés, le défunt reste dans "son jus" et pourrit plus vite », décrit Claire Barbet. Ainsi, les observations de l'anthropologue sont plus difficiles, puisque certains restes osseux partent en poussière. Ce qui n'empêche pas de retrouver des objets témoins d'une grande richesse : boucle de ceinturon, perles, restes de chaussures, appliques de bronze. Le chantier de fouilles, qui devait être achevé fin mai, est prolongé jusqu'à fin juin. •

Six sépultures gallo-romaines exceptionnelles révélées à Marquion-Sauchy-Lestrée, sur le tracé du canal Seine-Nord

D'avis d'archéologue expérimenté, les diagnostics et les fouilles réalisés sur le tracé du futur canal Seine-Nord sont « une aventure exceptionnelle ».

Un terrain de jeu de cent six kilomètres de long, sur cinquante-quatre mètres de large, entre Compiègne et Aubencheul-au-Bac, entre la Seine et l'Escaut, ça ne se trouve pas tous les quatre matins. Les découvertes régulières récompensent la masse de travail.

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Sur l'emprise de la future plate-forme multimodale de Marquion-Sauchy-Lestrée (cent cinquante quatre hectares), les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) viennent de découvrir six sépultures gallo-romaines monumentales, datées de la fin du Ier  siècle et du début du IIe siècle. Des tombes à hypogée « exceptionnelles », puisque profondément enfouies. Certaines ont été creusées à six mètres. « Ça a été audacieux de fouiller aussi loin », résume-t-on sur le chantier.

Les équipes de Claire Barbet ont d'abord repéré les fondations calcaires d'un bâtiment, dont le mur extérieur délimitait une parcelle de six cents mètres carrés. « À l'intérieur, on a trouvé deux pièces avec des fondations calcaires, de vingt-cinq mètres carrés chacune. Elles étaient surmontées de monuments de type mausolée. C'est inédit dans nos régions », décrit Claire Barbet. Sept chambres souterraines ont été mises au jour, dont six situées sous les imposants monuments disparus, près de l'ancienne voie romaine Arras - Cambrai.

Les sept archéologues ont dégagé les marches menant aux chambres funéraires et les couloirs d'accès, jusqu'aux niches. Trois de ces sept chambres, où étaient amenés les restes d'incinération, ont été pillées. Les autres ont révélé du mobilier d'accompagnement abondant : « On a du cuir, du bois bien conservé, des ornements en bronze. On a un bout de tissu avec des fils d'or brodés », détaille Claire Barbet, qui désigne également les offrandes au défunt, parmi lesquelles des céramiques, des monnaies de bronze, des verreries, des restes osseux d'animaux, mais aussi « des pièces métalliques liées au culte du foyer avec un gril, un trépied, un chaudron, des fourchettes, des couteaux, et d'autres liées au culte des ablutions purificatrices : un bassin en céramique ou en bronze, des fioles à parfum... » Autre belle curiosité : « une coquille Saint-Jacques en bronze, applique de décor sur du bois ». Des chambres étaient coffrées.

Non loin de là, une villa gallo-romaine...

Les éléments récupérés prouvent que les sépultures étaient destinées à des Nerviens de haut rang. L'an dernier, une villa gallo-romaine a été découverte, à environ deux cents mètres des sépultures. Les défunts étaient-ils les habitants de la villa ? Des sépultures d'inhumation (avec restes osseux, clous de cercueils, traces de bois et parfois cuirs de chaussures) ont été découvertes dans le même secteur, correspondant à une autre époque : le IVe siècle.

Les fouilles sur l'emprise du futur canal ont permis de remonter jusqu'au paléolithique moyen. Néandertal a laissé des traces de son passage à Havrincourt, il y a cinquante cinq mille ans.  •