INRAP / Photos Romain Etienne Item, Inrap
Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-20040-Lyon-paleochretien-fouille-du-cimetiere-de-Saint-Just-et-Saint-Irenee.htm
Dans le cadre du projet de complexe immobilier « Lugdunum » implanté le long de la Montée de Choulans, près de la place Wernert dans le 5e arrondissement de Lyon, une équipe d’archéologues de l’Inrap fouille sur une emprise de plus de 2 400 m² jusqu’à fin 2015. Effectuées sur prescription de l’État (Drac Rhône-Alpes), ces recherches font suite à un diagnostic archéologique qui a mis en évidence un vaste espace funéraire, établi entre les deux églises paléochrétiennes de Saint-Irénée et de Saint-Just entre le IVe et le VIIe siècle.
Les vestiges paléochrétiens : de rares traces du début du christianisme
En 312, l’empereur Constantin accorde la liberté de culte aux chrétiens par l’édit de Milan. En apparence, en trois siècles à peine, les croyances chrétiennes ont valeur de religion officielle dans l’ensemble de l’empire romain. Mais les recherches tant historiques qu’archéologiques montrent que le christianisme fut en réalité beaucoup plus lent à supplanter le paganisme : il fallut plus de six siècles pour que les anciennes provinces de l’Empire deviennent majoritairement chrétiennes. L’Asie Mineure et l’Égypte ont été largement christianisées aux IIIe et IVe siècles.
La Grèce se convertit beaucoup plus lentement. En Gaule, le processus est progressif. C’est certainement par les ports de Provence que le christianisme arrive en Gaule, en même temps que d’autres religions orientales, à partir des Ier et IIe siècles de notre ère. La première référence de l’existence d’une communauté chrétienne est une lettre des chrétiens de Lyon et de Vienne qui raconte la persécution de l’empereur Marc Aurèle à leur égard en 177. Il est possible qu’une partie de cette communauté soit originaire de Grèce orientale et que ces chrétiens se soient établis à Lyon en arrivant directement par la route des Alpes. Les documents sont rares et c’est à l’archéologie de trouver les précieux témoignages de ces débuts du christianisme. C’est seulement à la fin du IVe siècle que l’ensemble des capitales régionales est pourvu d’un évêque et il faut attendre la fin du VIe siècle pour voir les chapelles rurales se multiplier, signe que la christianisation a atteint les campagnes.
Fouille d’un vaste espace funéraire des IVe-VIIe siècles
Le site est placé sur le versant oriental de la butte dominée par l’église de Saint-Irénée près de la colline de Fourvière. À l’époque romaine, l’endroit est hors de la ville, non loin de la voie antique dite de « la Favorite » qui est bordée de tombes monumentales. À partir du IVesiècle, avec l’édification de l’église Saint-Irénée qui abrite les corps des premiers évêques sanctifiés de Lyon (Saint Irénée et Saint Just), la vocation funéraire du lieu se renforce et s’étend aux parcelles voisines. Le cimetière perdure jusqu’au VIe voire jusqu’au VIIe siècle.
Les archéologues et anthropologues de l’Inrap vont se pencher sur la question de l’évolution et de la gestion de cet espace funéraire : par exemple en observant la densité des tombes suivant les époques par rapports aux églises.
Les pratiques funéraires varient avec des inhumations de tous types : les archéologues mettent au jour essentiellement des cercueils en bois, mais aussi des sarcophages en pierre faits de demi-cuves accolées, des amphores ayant contenu des nouveau-nés, des coffrages de tuiles, des cercueils parfois monoxyles et des tombes en pleine terre.
Ces sépultures remploient parfois des fragments d’architecture plus anciens : la cuisse d’une statue en marbre marque l’emplacement d’une tombe, tandis que la jambe d’une autre sert de calage pour un coffrage de bois. Une frise comportant un griffon a été retaillée pour la fabrication d’un sarcophage.
Quelques fragments d’inscriptions funéraires paléochrétiennes indiquant l’âge ou le nom de défunts ont été retrouvés, sans qu’on puisse les associer précisément à une sépulture.
Aménagement : Groupe Lem
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie, Drac Rhône-Alpes
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Emmanuel Ferber, Inrap