Les Sables d'Olonne (France): La plage abrite un site âgé de 6 000 ans

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La plage des sables abrite un site age de 6 000 ans

De nombreux ossements d'animaux ont été découverts, comme ici une vertèbre de bovidé dans les mains de Jean-Marc Large, archéologue associé à l'université de Rennes 1

Des ossements d'animaux, des outils en silex, des fragments de poterie... Entrevus voici trente-cinq ans, ces éléments du néolithique sont réapparus après les tempêtes de l'hiver.

« Le site est apparu suite à l'érosion marine provoquée par les tempêtes. » Au cours d'un après-midi à la température estivale, Jean-Marc Large, archéologue associé à l'université de Rennes 1 et son équipe s'affairent sur la grande plage des Sables (Vendée), au milieu des vacanciers. À l'aide d'outils manuels, ils extraient de l'argile vaseuse à quelques centimètres de profondeur. « Nous intervenons pour évaluer l'état de préservation du sol préhistorique, voir la topographie des lieux. »

Une surface d'un hectare

Le chantier est financé par le Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (Drassm) en lien avec la Direction régionale des affaires culturelles (Drac).

« Ces sols d'occupation avaient déjà été entrevus en 1979. » Trente-cinq ans plus tard, le site est à nouveau mis au jour « sur une surface bien plus importante. Le niveau de la plage a baissé d'environ un mètre pendant l'hiver. Deux mois d'observation nous ont été offerts. »

Fragments de poteries, outils en silex, nombreux ossements d'animaux... « Sur un hectare, nous avons repéré des éléments datant d'il y a 6 000 ans. » Au néolithique, la population était essentiellement composée d'agriculteurs, d'éleveurs. « La chance nous est donnée d'observer ce qui reste de leur présence. »

À cette période, la mer arrivait environ cinq mètres plus bas dans la baie des Sables. « Sur la plage, on peut imaginer un cordon dunaire. Un marais rétro-littoral s'est formé sur cette zone, dans laquelle s'est déposée une couche noire de tourbe. En bordure d'un secteur marécageux, les gens se sont installés. »

Jean-Marc Large qualifie cette découverte « d'exceptionnelle. Les sites d'estran apparaissent rarement. Dans l'ouest de la France, on compte les sites d'habitats liés aux dolmens sur les doigts de la main. »

Le but de la recherche, « c'est aussi de vérifier s'il existe encore un niveau d'occupation. Mais il a été râpé par la mer et le sable. Du coup, on ne peut percevoir l'organisation de l'habitat. Sauf à un endroit où quelques structures ont été préservées, comme de petits foyers avec des pierres brûlées. Cela compromet un chantier de fouilles. » D'autant plus difficile à réaliser qu'il nécessiterait une mobilisation de la plage et des infrastructures énormes.

L'important, « c'est de documenter ce patrimoine culturel, c'est-à-dire avoir une information fiable pour le faire connaître. Avant de réaliser une étude post-sondage et adresser un rapport au Drassm et à la Drac pour une inscription au Centre d'archéologie national. »

La spécificité du lieu ne facilite pas la tâche des spécialistes. « Sur le domaine public maritime, aucun cadre formel ne prend en compte la fragilité de l'endroit, qui nécessite pourtant une vigilance particulière. Personne n'est chargé du financement. Il y a un no man's land sur l'estran. »

Bientôt, la nature reprendra ses droits. Le site sera réensablé. « C'est la meilleure chose qui peut arriver. » Pour éviter l'érosion et le piétinement, au moment où la plage se prépare à accueillir sa déferlante de touristes.