LES ARCHEOLOGUES DE GAMBETTA

 

Les archéologues de Gambetta, héros d’un film

Edith Lefranc

Source :    http://www.midilibre.com/articles/2010/09/16/NIMES-Les-archeologues-de-Gambetta-heros-d-39-un-film-1385376.php5

 

 Juliette Senik n'a pas cherché à filmer LA découverte archéologique. Pas de trésor de Toutankhamon, pas même de mosaïque d'Achille et Penthée dans Les fouilleurs, le documentaire qui sera présenté demain à Carré d'art, dans le cadre des Journées du patrimoine. « J'ai répondu à une commande de l'Inrap qui voulait que je filme de l'humain. L'idée était que je montre les archéologues au travail, leur démarche, à partir d'une toute petite chose, d'émettre des hypothèses » , explique la réalisatrice.

Cette Parisienne, qui n'avait jamais mis les pieds à Nîmes, vient en repérage du côté de l'avenue Jean-Jaurès. Puis comprend que, dans cette ville romaine, les chantiers de fouille poussent aux quatre coins de la cité, derrière une palissade, sans qu'une grande publicité soit forcément faite autour. « J'ai choisi de suivre le chantier de la rue Clérisseau, mais aussi quelques autres, parallèlement. J'ai vite compris que Nîmes était une base archéologique essentielle mais ce qui m'a plu dans le chantier Clérisseau, c'est qu'il n'a rien de spectaculaire. On y a trouvé des tombes, des squelettes, les restes d'un bâtiment, et des problématiques importantes se sont posées à partir de ça. » Juliette Senik suit tous les questionnements du groupe d'archéologues. « Ce bâtiment formait-il un tout, ou était-il divisé ? Les conséquences diffèrent totalement. Un graffiti obscène sur un mur signifie-t-il forcément qu'on est dans un bâtiment public ? Et ces ossements, dont certains sont ceux d'enfants, viennent-ils d'un couvent proche ? Il y a une humilité de ces hommes qui fouillent, face à l'Histoire qui est sous nos pieds. » La réalisatrice évoque aussi la quasi absence de hiérarchie sur le chantier, même si certains ont rédigé des thèses tandis que d'autres se sont formés sur le tas, mus par leur seule passion. Les uns sont archéologues, d'autres techniciens, d'autres encore étudiants, mais tous se disent humblement "fouilleurs".
Les différences qui se font jour sont plutôt générationnelles. Les plus anciens, quadras ou quinquas, n'ont pas quitté cette démarche militante qui les animait à leurs débuts.


Posant sa caméra dans le quartier entre décembre 2009 et mai 2010, Juliette Senik voit évoluer le chantier. Elle filme aussi les passants qui veulent savoir ce que recèle le sous-sol de cette dent creuse. « Ce chantier est ancré dans la ville, les fouilleurs sont au milieu des gens. J'ai filmé par exemple une jeune fille qui, de son balcon, regarde ce qu'il y a sous sa maison, ou presque. C'est un film anthropologique. »