Le « Y » ardennais (France) : Tumulus de l'époque gallo-romaine.

 

Le « Y » ardennais n'a pas fini de livrer ses secrets

Grégoire Amir-Tahmasseb 

Source -http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/le-y-ardennais-na-pas-fini-de-livrer-ses-secrets 

 

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Vue sur l'un des tumulus étudiés par l'Inrap qui mesure environ 5 à 6 mètres de diamètre. © Frédéric Canon, Vertical photo/Inrap  

Alors que les travaux sont lancés depuis quelques mois sur le fameux Y ardennais pour la création d'un axe rapide entre Charleville-Mézières et Rocroi, les fouilles archéologiques continuent par endroits. A la demande de l'aménageur de l'A304, la Dreal Champagne-Ardenne, trois fouilles d'archéologie préventive ont été menées par l'Inrap entre mi-septembre et fin novembre mettant au jour plusieurs éléments importants de l'époque gallo-romaine.

A première vue cela ressemble à quelques pierres rassemblées ici et là. Le néophyte d'ailleurs pourrait passer à côté sans y prêter attention. Mais malheureusement pour les archéologues, nombreux sont ceux qui savent repérer les tumulus. Au nord des Ardennes, la nécropole de la forêt des Pothées est réputée pour la présence de ces fameuses éminences artificielles recouvrant une sépulture. Lors de fouilles réalisées en 1938-1939, près de 200 tumulus ont ainsi été estimés sur le site, ce qui ne manque pas de faire fantasmer les spécialistes ou archéologues en herbe qui espèrent tomber sur la sépulture parfaite avec à l'intérieur bijoux et autres mobiliers disposés à côté du corps du défunt, généralement une personne de l'élite.

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Frédéric Canon, Vertical photo/Inrap 
Les fouilles organisées par l'Inrap de la fin septembre à la fin novembre, toujours dans le cadre des travaux de l'A304, ont été l'occasion de mettre en avant plusieurs tumulus. « La zone fouillée est à la périphérie Est de cette fameuse nécropole », indique Hervé Bocquillon, le chef d'opération. « Lors du premier diagnostic, nous avions repéré cinq tumulus sur les 1,7 km2 dont nous avions la charge. »
Une fois sur place pour les fouilles préventives, l'équipe de l'Inrap a pris le temps de prospecter et nettoyer toute la zone pour trouver deux autres tumulus pour un total donc de sept sépultures. Celles-ci ne se trouvent pas collées les unes aux autres mais séparées de plusieurs dizaines, voire centaines, de mètres chacune. Restait à savoir ce qu'elles contenaient…

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Jusqu'à trois tonnes de pierres sur un tumulus
Les tumulus repérés sont recouverts d'un tertre composé de pierres (ils auraient pu aussi être uniquement en terre) et datent du IVe et IIIe siècles avant J.-C. La structure est à chaque fois la même avec les plus grosses pierres au fond. Si les plus grands tumulus peuvent faire jusqu'à quinze mètres de diamètres, ceux mis au jour dans les Ardennes sont plus proches des cinq-six mètres pour 60 cm environ de profondeur. Ce qui n'empêche pas d'avoir des amoncellements de pierres impressionnants avec environ trois tonnes par exemple sur un tumulus !

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 Vue sur un autre tumulus étudié par l'Inrap.
Si ces découvertes permettent d'analyser de plus près les pratiques funéraires de l'époque gauloise, elles n'ont pas mis en avant un mobilier particulièrement riche. L'acidité du sol de cette région explique l'éventuelle disparition d'ossements et de petits objets en métal mais il s'agit très probablement de tumulus particuliers, connus en Belgique toute proche : des tumulus dans lesquels seules les cendres du défunt étaient déposées, ne laissant évidemment aucune trace, si ce n'est les pierres en place. Aucun ossement n'a ainsi été retrouvé mais l'un de ces sept tumulus contenait cependant des fragments de deux vases en céramique datés du IVe-IIIe siècles avant notre ère.
L'étude des différents relevés va permettre de mieux comprendre le mode de réalisation de ces tertres.