Lattes (France): la Cavalade, un site du Néolitique final (-300 ans avant J.C).

Ollivier Le Ny

Source - http://www.midilibre.fr/2013/04/09/lattes-les-archeologues-fouillent-un-village-du-neolitique,675263.php

une-dizaine-de-sepulture-a-deja-ete-revelee-par-les-557575-510x255.jpg

Une dizaine de sépulture a déjà été révélée par les archéologues. (JEAN-MICHEL MART)

A Lattes, sur le site de la Cavalade, les archéologues fouillent un site du Néolitique final (-300 ans avant J.C). Sur 7 hectares ils étudient l'implantation d'un village de grande expansion. Ces travaux anticipent ceux du contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier et du doublement de l'A9.  

Rares sont les fouilles de telle ampleur, 7 ha, plus de 50 000 m3 de terre déplacés. Mais la Cavalade, à côté du Mas-Rouge à Lattes, est à l’aune de l’immense chantier de fouilles offert aux archéologues le long des 80 km du contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier (CNM) : "C’est une grande opportunité", relève Jean-Yves Breuil, archéologue chargé de la coordination de fouilles au fil du tracé de la voie ferrée et du doublement de l’A9. Le scientifique travaille pour le compte de l’Inrap, l’Institut national de recherches archéologiques préventives.

La bagatelle de 80 sites datant de - 300 000 ans au XIIe siècle 

Menés en 2008, 2009 et 2011, trois diagnostics ont déjà révélé l’existence de la bagatelle de quatre-vingts sites dont "une vingtaine est fouillée". Le plus ancien remontant 300 000 ans en arrière, au Paléolithique inférieur, le plus récent, daté du XIIIe siècle. "Ils illustrent, observe le scientifique, l’attractivité de la région depuis des temps immémoriaux. Elle est densément, anciennement occupée, la préhistoire bien représentée."

Un rare habitat en plaine

C’est à cette période que se rattache la Cavalade. Au Néolithique final, précisément, "2900-2700 avant le Christ, précise Fabien Convertini, le patron de la fouille : la Cavalade se développe sous les deux tracés, du CNM et de l’A9 b, accompagné d’occupations plus tardives, une voie romaine et un enclos daté du VIe siècle, des vignes antiques." Mais plus que l’époque, bien connue, ce sont les particularités du site qui ont focalisé l’attention des archéologues et de l’État - ordonnateur -, qui, pour la "première fois en plaine", étudient une implantation complète d’une telle taille.
"On a affaire à un cadre villageois, enchaîne Christophe Gilabert, de la Drac, un village de grande expansion, avec des types de structures qui ne sont pas anodines. On sait qu’en garrigue, ils vivaient dans des huttes de terre crue ; aujourd’hui, on aborde enfin l’habitat de plaine ; on tombe sur des éléments qu’on ne connaissait pas."

Une hache de cuivre transalpine ?

À lire le sol de marnes et d’argile, il n’y a rien d’évident pour l’œil profane dans ces hectares que six pelles mécaniques affouillent. Sauf, comme l’archéologue, à savoir lire dans les variations de couleur l’empreinte d’œuvres humaines. La terre labourée durant des millénaires a laissé des traces en creux dans lesquelles il lit comme dans un livre. "Il y a, reprend Fabien Convertini, préhistorien, un grand nombre de silos, où l’on stockait les denrées, les céréales à l’abri de l’air et qui, abandonnés, sont devenus plus tard des dépotoirs de céramiques cassées, d’os de chèvre, de mouton, de bovin", racontant régime alimentaire, échanges entre groupes “néo”.
"On a trouvé un objet exceptionnel, dit Fabien Convertini, unique en Languedoc. Une hache de cuivre, qui présente des similitudes avec des objets du nord de l’Italie" et dont des analyses chimiques permettront d’identifier l’origine : "C’est le premier site fouillé de ce genre. On peut commencer à réfléchir, sourit Christophe Gilabert, mais on ne va pas tout comprendre…"