Lagny-sur-Marne (France) : Le cimetière mérovingien abritait 275 sépultures

Le cimetière mérovingien abritait 275 sépultures

Des fouilles préliminaires au lancement d’un programme immobilier ont révélé l’existence d’une nécropole mérovingienne. Une première à Marne-la-Vallée.

Jila Varoquier

Source - http://www.leparisien.fr/avon-77210/le-cimetiere-merovingien-abritait-275-sepultures-29-02-2012-1882677.php

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Photo INRAP / Laure Pecqueur

C’est un cours d’histoire grandeur nature qu’ont vécu pendant sept mois les collégiens de Marcel-Rivière, à Lagny-sur-Marne. Sous leurs fenêtres, les archéologues de l’Inrap (l’Institut national de recherches archéologiques préventives) ont révélé, pierre après pierre, près de 275 sépultures de la période mérovingienne, entre le Ve et le VIIe siècle.

Des fouilles réalisées avant le lancement d’un programme immobilier. Selon les chercheurs, la nécropole devait être deux fois plus grande. « Malheureusement, beaucoup ont été détruites par les différentes opérations immobilières », regrette Laure Pecqueur, archéologue et responsable des fouilles.

« Il s’agit du premier cimetière datant de cette époque dans le secteur de Marne-la-Vallée. Le précédent avait été découvert à Serris, mais il est plus récent. Ici, nous avons aussi trouvé de nombreux objets, en position de port. Ainsi des boucles d’oreilles au niveau des oreilles, des boucles de ceinture au niveau du bassin ou des colliers au niveau du cou, en fer ou en alliage cuivreux. Nous avons pu en déduire que les gens avaient été inhumés habillés », raconte la scientifique.

Autre découverte intéressante : certaines tombes ont été réutilisées au fil du temps. « Nous ne savons pas encore pourquoi, mais dans certaines sépultures gisait une personne. Dans d’autres, deux. Et dans d’autres encore, nous avons trouvé jusqu’à sept ossements différents. Peut-être des membres d’une même famille? Peut-être un système de concession? » s’interroge la scientifique.

Cette nécropole permettra aussi de mieux connaître les habitudes et la population du début du Moyen Age. Car ici, beaucoup de fouilles n’ont révélé que des vestiges de l’époque gallo-romaine ou du Moyen Age carolingien. De l’époque mérovingienne, rien. « Nous ne savons que peu de chose de cette époque. Seulement que nous étions à la limite de la commune qui s’appelait à l’époque Saint-Denis-du-Port, et qui fut rattachée à Lagny-sur-Marne en 1846. En étudiant une par une les sépultures, nous pourrons dresser un portrait général. Savoir s’il y avait plus d’enfants, de femmes ou d’hommes. S’ils avaient des caractéristiques spécifiques liées à une activité. Ou encore déterminer s’ils étaient privilégiés ou non. C’est aussi important en termes de territoire : nous pourrons comprendre comment s’est dispersée la population au fil des siècles », explique Laure Pecqueur.

Mais le mystère plane toujours sur l’habitat de ces populations. Car une nécropole de cette taille impliquait nécessairement une vaste bourgade, à proximité… qui n’a toujours pas été découverte. « Les vestiges doivent encore être enfouis sous les fondations des maisons et des immeubles. Il faudrait pousser les gens à construire des caves! » suggère en souriant la jeune femme.

Les trésors ont depuis été confiés au conservatoire de Compiègne (Oise), pour protéger le métal de la corrosion. Les ossements, quant à eux, subissent une toilette complète, pour permettre aux chercheurs de les étudier. Et en avril, l’archéologue viendra présenter une partie de ses premières conclusions aux collégiens de Marcel-Rivière, curieux de savoir ce que cachaient les sous-sols des terrains voisins.