La mâchoire de Garba IV (Ethiopie) appartient à un Homo erectus de 2 millions d’années

Source - https://www.hominides.com/machoire-de-garba-iv-homo-erectus-2-millions-annees/

La mâchoire du site de Garba IV appartient à un Homo erectus de 2 millions d’années.
La nouvelle étude d’une mâchoire trouvée en Éthiopie il y a plus de 40 ans confirme qu’elle devait appartenir à un enfant Homo erectus.  

Des restes d’hominidés découvert à Garba IV

La petite mâchoire a été découverte en 1981 sur le site de fouilles de Garba IV, sur les hauts plateaux éthiopiens à une cinquantaine de kilomètres d’Addis-Abeba. Reprenant le nom du site, elle a été surnommée Petite Garba (Little Garba). Au fil des années, plusieurs études ont testé le fossile pour connaître l’espèce de l’individu : Homo erectusHomo rudolfensisHomo habilis faisaient partie des prétendants. Si aucun consensus clair n’a été établi, les restes osseux ont pu être attribué au genre Homo. En 2004 après une nouvelle étude la paléoanthropologue Silvana Condemi avait conclu que le fossile appartenait à l’espèce Homo erectus.

Une nouvelle étude sur Garba IV

Une nouvelle équipe internationale de d’archéologues et d’anthropologues a repris l’examen de la mâchoire de nourrisson. Dans leur étude, rapportée dans la revue Science, les scientifiques ont pu revoir la datation et confirmer l’espèce du fossile.

Tomographie machoire garba 1024x818Tomographie 3D de la mâchoire Homo erectus Garba IV Credit: Science (2023). DOI: 10.1126/science.add9115

Pour identifier l’espèce, les chercheurs de cette étude ont repris les dents de la mâchoire (IVE). Il y avait à la fois des dents de lait et des dents définitives qui n’avaient pas encore été usées. En utilisant le Synchroton de Grenoble sur les dents ils ont obtenu des tomographies (3D) de très haute résolution permettant de voir l’intérieur restes dentaires. En comparant  les dents définitives avec celles d’autres espèces d’hominidés ils ont pu démontrer que, pour les molaires définitives de la petite Garba, la correspondance la plus proche était avec l’espèce Homo erectus.

Dans les précédentes études la couche E de sédiments dans laquelle la mâchoire avait été trouvée présentait également des outils de l’Oldowayen : des galets aménagés et des petits éclats. La couche supérieure (D) contenait à 99% des outils de la même industrie lithique plus quelques outils de l’Acheuléen comme des bifaces, des grattoirs de taille importante… La couche D étant datée de 1,95 millions d’année, les restes d’Homo erectus de la couche E sont aux alentours de – 2 millions d’années. L’archéologue Margherita Mussi (Université Sapienza, Rome), et ses collègues ont combiné deux techniques de datation : la datation argon-argon et une analyse de datation paléomagnétique récemment réalisée pour affiner l’âge du site. 

Un Homo erectus aux capacités reconnues

Dans les conclusions de l’étude les archéologues soulignent que le site de Garba IV est situé à 2 000 mètres d’altitude. Dans les sédiments, les pollens retrouvés indiquent une végétation de montagne, alternant forêt et prairie herbeus. Les restes fossiles de faune montrent que des antilopes, des rhinocéros et des chevaux parcouraient cet environnement frais et à l’oxygène raréfié… Dans ce milieu montagnard, Homo erectus évoluait il y a 2 millions d’années, bien adapté à ces conditions bien particulières sur le continent africain.

Homo erectus garba 2 millions annees 1024x576Les Homo erectus sur le site de Garba – 2 millions d’années – Vue d’artiste Diego Rodriguez Rovredi

Pour les chercheurs cette adaptation a certainement été un atout lorsqu’Homo erectus s’est dispersé vers ce qui allait devenir l’Asie et l’Europe. Margherita Mussi précise « Dire que le premier Homo était capable de s’adapter à cet environnement semble trop réducteur … Je dirais qu’il en profitait. Il était parfaitement capable de vivre dans un environnement totalement différent. »

Le paléoanthropologue Richard Potts (Musée national d’histoire naturelle du Smithsonian, Washington)  déclare à propos de cette étude  « Non seulement il est bipède, non seulement il fabrique des outils en pierre et en dépend, mais il se déplace également dans toutes sortes d’environnements non tropicaux… nous sommes ici vraiment confrontés à la même matière de ce qui a fait de nous des humains.« 

L’anthropologue John Hawks (University of Wisconsin, Madison) conclue également « La vieille idée selon laquelle notre propre genre, en particulier Homo erectus au grand corps et aux longues jambes , était capable de se déplacer avec une plus grande confiance dans les habitats ouverts, pourrait bien s’avérer être la clé de notre histoire évolutive. »

Sources
Early Homo erectus lived at high altitudes and produced both Oldowan and Acheulean tools - https://www.science.org/doi/10.1126/science.add9115