La Cavalade (France): Un village daté du Néolithique final

La Cavalade, une fouille archéologique préventive au sud de Montpellier

INRAP

Source -http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-15826-La-Cavalade-une-fouille-archeologique-preventive-au-sud-de-Montpellier.htm

Dans le cadre de la construction du Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier (par Oc’Via) et du déplacement de l’autoroute A9 (par VINCI Autoroutes), une équipe d’archéologues de l’Inrap étudie une zone de 6 hectares au sud de Montpellier. Cette fouille préventive, d’une durée de 5 mois, concerne essentiellement l’étude de vestiges datés du Néolithique final (environ 2900-2700 avant notre ère). Ceux-ci, jamais appréhendés en Languedoc oriental sur une aussi vaste surface, riches en éléments de datation, vont permettre d’observer la chronologie d’occupation de ce village, son organisation spatiale (zones d’habitation, d’artisanat, de stockage, sépultures…) et l’évolution de celle-ci dans le temps. Après la Préhistoire, le site est de nouveau fréquenté à l’âge de Fer (au VIesiècle avant notre ère), pendant l’Antiquité et jusqu’au Moyen Âge. 
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Vue de la fouille de La Cavalade, au sud de Montpellier (34), prise à l’aide d’un drône. © J.-M. Lacroix, Inrap

Un village daté du Néolithique final (aux alentours de 2900–2700 avant notre ère)

Les niveaux de sol occupés au Néolithique final ont été détruits par les travaux agricoles postérieurs : seules les structures creusées en deçà sont conservées. La fouille a révélé des fosses d'extraction de terre destinée à la construction des bâtiments en brique crue, des silos pour conserver les céréales à l'abri de l'air, des caves pour le stockage des denrées ou des liquides. Au-delà de leur fonction initiale, ces fosses, comblées naturellement ou volontairement par l’homme, sont riches d’enseignements. Outils et vaisselle brisés, restes d’os d'animaux ou de végétaux, donnent des indications sur les aliments consommés. Fragments de meules, faucilles en silex documentent les activités agricoles, tandis que débris de bois ou de torchis, figés par des incendies, renseignent sur le bâti. 
Certaines fosses ont ici également été utilisées, après leur abandon, pour y déposer les défunts. Ces sépultures s’inscrivent dans une tradition Néolithique qui conserve les inhumations à proximité directe voire dans les espaces villageois, selon des expressions très variées qui évoluent sur la durée et selon les habitudes culturelles régionales. Ici cependant, l’utilisation de fosses déjà en cours de remblaiements permet d’attester une tendance de mise à l’écart des tombes par rapport aux aires domestiques connue pour la fin du Néolithique. Sept inhumations ont été fouillées à ce jour, présentant surtout des enfants ou adolescents. Le soin apporté au corps, en position fléchie, recouvert ou enveloppé (nattes végétales, cuir…), suggère une pratique codifiée par la communauté. 

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Sépulture antique datant de la fin de l’Antiquité (courant du IVe siècle de notre ère), avec dépôt de vases. © Inrap

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Sépulture antique découverte à La Cavalade, datant de la fin de l’Antiquité (courant du IVe siècle de notre ère). Des monnaies ont été placées sur les yeux du défunt. © Valérie Bel, Inrap

Vases et objets du Néolithique

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Céramique décorée du Néolithique final (environ 2900 à 2700 avant notre ère), de type Ferrières. Le style céramique régional dit Ferrière, reconnu dès les années 1950, tire son nom du dolmen de Ferrières-les-Verreries situé dans l’arrière pays de Montpellier.  - © Rémi Bénali, Inrap

Du Néolithique ancien au Néolithique final, ce sont les formes et décors de la céramique qui permettent à l’archéologue de reconnaître la période chronologique et le groupe culturel ayant occupé un site. Les vases découverts présentent des profils dérivés de formes géométriques simples (sphère, ove, cylindre) et sont ornés de décors en relief (pastilles repoussées ou appliquées, cordons) ou en creux (impressions au doigt, incisions) qui évoquent un style régional situé entre la fin du IVe et le début du IIIemillénaire avant notre ère. Les thèmes décoratifs sont en outre caractéristiques d’un ensemble culturel emblématique de la fin du Néolithique en Languedoc (celui du groupe de Ferrières), plutôt assimilé jusqu’ici à des zones d’habitation de garrigues et petits plateaux calcaires. Leur présence dans cette plaine permet de reconsidérer le territoire de diffusion de ces céramiques. 

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Fragments de couteaux en silex, découverts lors de la fouille de La Cavalade à Montpellier, dans une fosse du Néolithique final (environ 2900 à 2700 avant notre ère), taillés dans des plaquettes de silex en provenance de gîtes gardois. © Rémi Bénali, Inrap
D’autres objets témoignent des échanges et des réseaux de diffusion avec divers groupes humains, afin de se procurer des biens et ressources absents de l'environnement du site ou faisant appel à des spécialisations particulières : fragments de couteaux en silex, taillés à partir de plaquettes en provenance du Gard, d’une hache en pierre polie issue du sud des Alpes italiennes ou encore d’une hache en cuivre peut-être en provenance du Nord de l’Italie. 

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Élément de parure en calcite, découvert lors de la fouille de La Cavalade à Montpellier, dans une fosse du Néolithique final (environ 2900 à 2700 avant notre ère). © Rémi Bénali, Inrap

La Protohistoire et l’Antiquité

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Enclos funéraire protohistorique (IVe siècle avant notre ère), fouillé sur le site de La Cavalade. La mise au jour de cet enclos complète plusieurs découvertes de fossés circulaires identiques, généralement associés au domaine funéraire, faites sur d’autres sites languedociens. Ici toutefois, aucun indice funéraire n’a pu être détecté au sein de l’enclos en raison de son niveau d’arasement.  -  © J.-M. Lacroix, Inrap.

La présence d’un enclos témoigne d’une fréquentation du site dès le milieu du VIsiècle avant notre ère. Elle complète plusieurs découvertes de fossés circulaires identiques (généralement associés au domaine funéraire) faites sur d’autres sites languedociens. Toutefois, dans ce cas précis, aucun indice funéraire n’a pu être détecté au sein de l’enclos, en raison de son niveau d’arasement. Le site est également traversé par une voie reliant Lattes à Castelnau-le-Lez, d’origine probablement protohistorique, qui perdure à l’Antiquité et peut-être même jusqu’au Moyen Âge. Dans le courant du IVe siècle de notre ère, un ensemble funéraire est établi le long de la voie. La fouille a permis de dégager une dizaine de sépultures, réunies en un espace probablement familial utilisé pour au moins sept individus adultes et cinq sujets immatures (enfants et adolescents), certains accompagnés de dépôts funéraires. De part et d’autres de la voie, des traces de plantations de vigne et d’arbres fruitiers, illustrent une mise en culture, de l’époque romaine au Moyen Âge. 

Aménagements : Oc’Via et Vinci Autoroutes 

Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac Languedoc-Roussillon) 

Recherche archéologique : Inrap

Responsable scientifique : Fabien Convertini, Inrap