Jublains (France): Redécouvrir l'histoire de ses peuples

Sophie Delafontaine

Source - http://www.ouest-france.fr/redecouvrir-lhistoire-de-jublains-et-de-ses-peuples-2950145

Redecouvrir lhistoire de jublains et de ses peuples

De gauche à droite et de haut en bas : Nathalie Adrouain-Lecomte, médiatrice culturelle au musée archéologique départemental de Jublains, devant la maquette de la ville romaine. Au temple, on remarque l'arrivée de l'aqueduc qui devait alimenter les thermes. Ce barbu est devenu le symbole de Jublains, il s'agit ici d'une reproduction et l'original est au musée. Ce visage devait orner une sépulture. Les déesses retrouvées au temple. La déesse mère est d'origine gauloise.

Avec les fouilles archéologiques, l'histoire de Jublains, cette cité gallo-romaine, ne cesse d'évoluer. Ce que l'on croit acquis pose encore plus de questions.

Les Gaulois

Les fouilles préventives de la déviation de Mayenne-Moulay ont mis en évidence un immense oppidum, une forteresse gauloise. « Cet oppidum était connu dans les années 1970, précise Nathalie Adrouain-Lecomte, médiatrice culturelle au musée archéologique départemental de Jublains. Les fouilles ont montré qu'il était plus vaste que ce que l'on pensait, avec une ville très structurée. »

À Jublains, les premiers archéologues connaissaient également l'existence d'une occupation gauloise. « Nous avons retrouvé des armes cassées ou courbées qui sont les caractéristiques d'offrandes gauloises. »

Au fur et à mesure des recherches, des fossés gaulois se sont montrés être parallèles les uns aux autres. Les Gaulois avaient une organisation des villes et villages. « Nous pensons que les Romains ont repris cette même orientation pour les rues. »

Les Romains

Jusqu'à présent, les archéologues pensaient que les Romains avaient occupé Jublains au règne de Tibère au milieu du premier siècle après Jésus-Christ. Or, les fouilles sur la domus (maison) ont montré qu'il existait une occupation sous le règne d'Auguste, le premier empereur romain.

La domus

C'est une maison qui est fouillée depuis plusieurs années. C'est là que des fragments de poterie et de la monnaie ont été retrouvés, datant de l'époque du premier empereur de Rome. Cette maison devait être occupée par un notable, un système de chauffage, par le sol, ayant été retrouvé.

Le théâtre

Une pierre gravée a été retrouvée. « Nous savons que c'est un notable d'origine gauloise, Orgetorix, qui a offert ce théâtre. Ce personnage devait jouer un rôle dans l'administration de la ville. » Le premier théâtre est daté du premier siècle. Un autre théâtre, plus grand, s'est superposé et est daté du IIe siècle.

Le temple

Le temple gaulois a très certainement été construit sur l'emplacement du sanctuaire gaulois. Des statuettes en pierre blanche ont été retrouvées. Que ce soit la déesse mère gauloise qui est assise, en nourrissant des bébés, ou la déesse Vénus. Les deux religions coexistaient. Le monument est ostentatoire. L'entrée se fait par l'est afin que le visiteur puisse en voir toute la splendeur.

Les thermes

Ce bâtiment de bains et de rencontres est important dans la vie romaine. Il devait occupait la moitié d'un terrain de foot. Il n'existait pas de source à Jublains. Au XIXe siècle, Henri Barbe a retrouvé les vestiges d'un aqueduc souterrain depuis Hambers. L'eau arrive tout doucement depuis 200 m d'altitude jusqu'au temple puis aux thermes.

La forteresse

La forteresse a commencé à être construite au début du IIe siècle. Elle était séparée de la ville par un cimetière. Au départ, il existait seulement un bâtiment rectangulaire. « Il devait servir d'entrepôt pour la marchandise et les métaux précieux. Les murs sont très épais, sans fenêtre. Ce n'était pas une forteresse militaire. Peut-être est-ce là qu'étaient entreposés les impôts pour Rome, ou de la nourriture pour les troupes. »

À la fin du IIIe siècle, des remparts de terre avec des palissades de bois et un fossé font leur apparition. Les derniers aménagements de la muraille, datent de 295 après J.-C. Mais elle ne sera jamais terminée. « Elle a été beaucoup fouillée, et la forteresse n'a pas encore livré tous ses secrets », indique Nathalie Adrouain-Lecomte

Entre le IVe et le VIIe siècles, c'est comme si la ville s'était endormie. Des sépultures carolingiennes et mérovingiennes sont retrouvées autour de l'église. « L'église primitive est datée du Ve siècle. »