Idoles Cycladiques
Source - http://www.artactu.com/exposition-au-musee-zervos-a-vezelay-article00730.html
L’exposition : Deux années de recherches et de négociations ont été nécessaires à Annie Caubet, la commissaire de l’exposition, pour réunir en un même lieu un aussi grand nombre d’idoles cycladiques. Du jamais vu depuis la dernière grande exposition qui s’est tenue au Grand Palais, à Paris, en 1983. Deux mille ans avant que l’art grec ne réinvente des figures en marbre rehaussées de couleur et obéissant à un canon de proportions très élaboré, on a pratiqué dans les Cyclades une sculpture en marbre dont l’apparente rigueur séduit le goût de notre époque. Apparue il y 5000 ans, la statuaire en marbre est caractéristique de la Civilisation des Cyclades, un groupe d’îles de la Grèce. Plus ancienne que la civilisation minoenne de Crète, elle prospéra au cours du premier âge de Bronze grâce à ses échanges commerciaux de marbre et d’obsidienne entre l’Anatolie et l’Europe, jusqu’à son déclin à la fin du IIème millénaire avant notre ère.
L’exposition, qui se déroulera du 24 juin au 15 novembre au musée Zervos à Vézelay, présentera plus de 50 idoles et vases de marbre. On découvrira une sélection d’œuvres cycladiques issues à la fois du fonds personnel de Christian Zervos, de collections privées françaises, suisses et américaines, de collections particulières et celles prêtées par la Fondation des Treilles et le musée des Beaux-Arts de Dijon.
On ne sait pas exactement pourquoi et pour qui ces idoles et ces vases ont été créés, mais les archéologues pensent qu’ils sont associés à des rites religieux. Les idoles féminines pourraient figurer la Déesse-mère, déesse de la fertilité vénérée par de nombreux peuples de la Préhistoire. Les statuettes les plus anciennes, remontant au Néolithique, se caractérisent par leurs formes plantureuses. Puis viennent les idoles très schématiques surnommées « idoles-violons » en raison de leur corps en forme de huit surmonté d’une tête réduite à un manche cylindrique. Les idoles de la période de maturité viennent pour la plupart de l’île de Kéros, où fut trouvé le « Trésor de Kéros » constitué par les multiples offrandes apportées par les fidèles qui venaient régulièrement sur cette île sacrée. La tête est lisse, l’arête triangulaire du nez est le seul relief, les bras souvent croisés sous la poitrine. Les artistes des Cyclades ont produit des statues de toutes les tailles, allant de 10 cm à plus de 1,50 mètre. De grands blocs de marbre sont alors employés pour les sculpter. Ces volumes simples et soigneusement polis, aux lignes épurées et aux proportions concertées, recevaient des compléments peints, yeux, tatouages, qui leur donnaient un aspect étonnamment vivant. A côté des idoles-violons et des idoles aux bras croisés, on découvre des personnages masculins dans diverses attitudes : musiciens jouant de la flûte ou de la harpe, chasseurs ou guerriers, buveurs et banqueteurs…
A côté des idoles sont présentés des vases à 4 anses, coupes et coupelles ciselés, boîtes à couvercle, armes, qui faisaient partie du mobilier nécessaire aux rituels religieux et funéraires.
Dans les années 1930, Christian Zervos (1889-1970), critique d’art français d’origine grecque lié aux principaux artistes de son temps, fut un des premiers à considérer les antiquités comme des œuvres d’art, sources d’inspiration pour les artistes contemporains. Après un premier ouvrage sur l’art en Grèce paru en 1934, il consacrera en 1957 un volume spécifique des éditions Cahiers d’art à cette période de la Haute Antiquité, devenu depuis un ouvrage de référence : L’art des Cyclades, du début à la fin de l’âge du bronze, 2500-1100 avant notre ère. La même année, il éditera une monographie de la revue sur les travaux du sculpteur Constantin Brancusi.
La forme stylisée et géométrique des idoles cycladiques, délivrées de leur polychromie, influença de nombreux artistes dans les années 1930 comme Picasso, Brancusi, Laurens, Giacometti et Arp. Il est intéressant de redécouvrir le lien plastique des contemporains envers cet art mystérieux des Iles cycladiques.
Annie Caubet est la commissaire de cette exposition. Conservatrice générale honoraire du Musée du Louvre et archéologue de terrain au Proche-Orient. Elle s’est appuyée sur la spécialiste de ce domaine, le Dr Pat Gentle (de New Haven, Université de Yale - Connecticut) et de M. Alain Pasquier, conservateur général honoraire du Patrimoine, pour permettre à cette exposition exceptionnelle de voir le jour après deux années de préparation.
Publication : Une publication de 96 pages (français et anglais) sera publiée à l’occasion de cette manifestation. La première partie présentera le catalogue de l’exposition, précédé d’un essai sur l’art des Cyclades. La deuxième partie présentera le fonds archéologique permanent du musée Zervos, dont une exceptionnelle statue grecque datant du VIe siècle (« Kouros »), offerte au musée en 2011 par M. Patrick Bongers (Directeur de la galerie Louis Carré et président du CGPA – Comité Professionnel des Galeristes d’Art) en hommage au sculpteur Etienne Hajdu (1907-1996).
Bibliographie : Caubet A., 2006 « La collection d’antiquités du musée Zervos à Vézelay », Cahier du Centre d’Études Chypriotes 36, 2006, p. 219-232 Derouet C. (dir.) 2006 Cahiers d’Art. Musée Zervos à Vézelay, Paris, Éditions Hazan/Conseil Général de l’Yonne Ouvrage de présentation de la collection
Derouet C. 2011 Zervos et Cahiers d’Art. Archives de la Bibliothèque Kandinsky, Paris, Centre Pompidou Fonds donné par M. Yves De Fontbrune
Le Musée Zervos doit sa création au legs de Christian Zervos à la ville de Vézelay en 1970. Ce critique d’art et fondateur de la revue Cahiers d’Art avait deux passions : l’avant-garde artistique contemporaine avec qui il s’était lié d’amitié et les découvertes archéologiques des civilisations anciennes. C’est en 2006, selon une convention passée entre la ville de Vézelay, la Chancellerie des Universités de Paris et le Conseil général de l’Yonne que le musée Zervos ouvre ses portes dans la maison de l’écrivain Romain Rolland, réaménagée à cet effet par l’architecte Pietro Cremonini. Christian Derouet, conservateur général honoraire du patrimoine et spécialiste des années 1930, en est le conservateur.
Un nouveau musée à découvrir rapidement pour un voyage exceptionnel et rapide entre archéologie et art moderne du XXème siècle.