HISTOIRE CELTE : BARQUE !TOUCHEE ! COULEE !

 

Histoire celte.

Barque touchée , coulée !

Source : http://www.lematin.ch/actu/suisse/barque-touchee-coulee-356285

  

 

Attraction phare du Parc archéologique de Neuchâtel, la reconstitution d’un chaland gallo-romain a été fracassée par la tempête

Ce n’est pas une histoire belge, mais une histoire celte! Maudite depuis sa construction en 1997, l’imposante réplique d’un navire celte a subi les outrages d’une forte tempête le 20 novembre dernier. Un tiers de cette barge de 20 mètres de long a été détruit. Des débris ont été retrouvés un kilomètre à la ronde.

Accident passé sous silence
Le mois dernier encore, cette attraction appréciée du Parc archéologique du Laténium, à Neuchâtel, faisait parler d’elle de manière spectaculaire. Sous l’œil des médias, les archéologues neuchâtelois ont fait volontairement couler la barque à deux mètres du rivage. A coups de grues et de blocs de calcaire, il s’agissait d’assurer la conservation de cette réplique dans l’eau tout en la laissant à peu près visible pour le public.

Mais voilà, les six tonnes de blocs de pierre n’ont visiblement pas suffi à assurer la stabilité de l’ouvrage au fond de l’eau. Et la tempête est passée par là. Cette mauvaise nouvelle n’a fait l’objet d’aucune publicité. Près d’un demi-million de francs auront pourtant été engloutis dans l’aventure et on ne sait pas si une nouvelle attraction sera proposée au public.

Informé de cette mésaventure par un bon connaisseur de l’archéologie, «Le Matin» a demandé au responsable du Laténium pourquoi il cachait cette tuile? «Pour nous, il ne s’agit nullement d’un échec, répond Beat Arnold, archéologue cantonal. La reconstitution de ce chaland gallo-romain a toujours été considérée comme un projet d’archéologie expérimentale. Avec l’immersion, nous en sommes à la troisième phase et nous continuons d’en tirer de riches enseignements.»

Faut-il comprendre qu’il se réjouit de la tempête? «Nous nous attendions à voir la barque subir des dégâts dans les dix ou vingt ans à venir, mais pas aussi vite, c’est vrai. Comme il reste à peu près 80% de l’ouvrage dans l’eau, cela ne change rien pour le public, qui pourra toujours le voir depuis le rivage.»

Jolie manière de faire contre mauvaise fortune, bon cœur. Car l’idée de base n’était pas vraiment de voir la barque finir en morceaux tout noirs au fond du lac de Neuchâtel.

Tout a commencé par la découverte des vestiges bien conservés d’un chaland vieux de 2000 ans. Le navire celte est rapidement devenu un objet de curiosité internationale. Puis est venue l’idée d’en construire une réplique. A l’époque, on a choisi les plus beaux chênes des forêts du canton et on a convoqué les meilleurs artisans pour bâtir le navire à la manière des Celtes. La barque géante a été baptisée du doux nom d’«Altaripa» et l’épouse de René Felber, alors conseiller fédéral, en a été la marraine. Mieux, les archéologues neuchâtelois avaient alors l’ambition de faire homologuer l’embarcation pour y promener les visiteurs.

Les mauvais clous
Las, les autorisations n’ont pas pu être obtenues et la barque a très vite pris l’eau. Elle s’est fendillée. Il a fallu la goudronner et même l’emballer de feuilles de plomb pour la faire tenir. Mais, au final, la seule solution aura été de la couler pour la conserver.

N’est-ce pas ce qu’on appelle un fiasco en regard de ce que savaient faire nos ancêtres celtes? «Ils ont eu deux mille ans d’expérience, rétorque Beat Arnold. Nous, nous avons fait œuvre de pionniers en Europe pour cette reconstitution. Nous savons maintenant par exemple que nous n’avons pas laissé sécher assez longtemps les planches et que nos clous étaient trop longs.»

Impôts à l’eau
Le mieux ne serait-il pas alors de reconstruire une autre barque avec les erreurs en moins? Trop cher pour une simple attraction publique, estime l’archéologue cantonal. Mieux vaut continuer à «documenter» la dégradation de cette chère «Altaripa». «Nous ajouterons peut-être du lest au fond de ce qui reste de la barque. Mais cela ne sera peut-être même pas nécessaire.»

Décidément, l’«archéologie expérimentale» a des impératifs qui peuvent nous dépasser. Le contribuable de base, lui, aurait plutôt tendance à se demander pourquoi on laisse couler ses impôts au fond du lac. «L’histoire de cette barque sent l’amateurisme depuis le début, confie un connaisseur du Laténium. La manière dont elle se termine est scandaleuse.» A chacun de choisir la morale de l’histoire.