Hermies (France): traces d'activités humaines aux époques antique et médiévale

Jean Najda

Source - http://www.lavoixdunord.fr/region/les-fouilles-archeologiques-ont-revele-des-traces-jna29b0n707764

De début avril à fin août, une équipe d'archéologues de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) s'est approprié un espace de quatre hectares sur le tracé potentiel du non moins potentiel canal Seine-Nord.

1667738863-les-fouilles-archeologiques-ont-revele-294106.jpgDe grandes tranchées de diagnostic avaient fait apparaître des vestiges du début du Moyen Age, du VIIe au Xe siècle

Cet espace est limité au nord et au sud par des fossés inclus dans un réseau datant de l'époque romaine. Comme le précise Thierry Marcy, responsable du chantier, « ils ne délimitaient pas un enclos mais servaient de séparations de champs dans une gestion parcellaire jusqu'au IVe siècle, aucune trace d'habitat romain n'ayant été retrouvée. Puis on note une interruption de l'occupation de l'espace pendant deux siècles, les gens revenant s'implanter au VIe siècle, sur l'espace antérieur du parcellaire romain. Après le Xe siècle, l'espace n'est plus occupé et devient des terrains agricoles. » Dix siècles de gestion du territoire ont pu être mis au jour, les Romains n'habitant pas mais délimitant l'espace, alors que les populations du Moyen Âge, sans habiter en permanence, y vivent ponctuellement. « De l'époque romaine subsiste un réseau fossoyé et un enclos rectangulaire avec trois limites définies sur quatre. De la période médiévale, on a retrouvé un nombre relativement important de fonds de cabanes, quelques silos mais assez peu d'habitations. On peut penser à une implantation, sur trois ou quatre siècles, d'habitat temporaire lié à la gestion agricole de l'espace, et non pas d'un village. » Les populations devaient rester assez longtemps, car les fonds de cabane ont préservé de l'artisanat parfois textile, avec des restes de bâti de métier à tisser. Des structures de feu dans le sol ont été découvertes, notamment des fours, mais peu de poteaux qui pourraient définir une ou plusieurs habitations.

On peut penser que des habitations ont été bâties, sinon comment expliquer la présence de silos et de fours ? Des diagnostics vont prochainement être entrepris dans les environs afin de tenter de les localiser.

Le site est différent de tout ce qui a été découvert dans l'ouest du Cambrésis : « Quelques tessons permettent de dater l'époque romaine.

L'habitat peu dense a livré très peu de matériel, peu de mobilier : quelques tessons de céramique, très peu d'os, beaucoup moins que sur des sites analogues. On peut penser que l'acidité du terrain les a détruits. À Bourlon, un espace de 2,5 hectares, avec un schéma différent, a livré deux à trois fois plus de structures. L'intérêt de ces fouilles est lié à la compréhension de la gestion de l'espace agricole entre les VIe et Xe siècles. Tout cela sera à mettre en parallèle avec d'autres fouilles et l'ensemble des sites de la même époque. » Les archéologues espèrent pouvoir comprendre comment les gens géraient leur espace, avec un maillage d'occupations concentrées plus ou moins denses entre lesquelles s'intercalent un réseau de petites structures d'habitat destinées à la gestion au plus près des terres cultivables. •