Graveson (France): Découvertes archéologiques: la voie romaine d’Agrippa et ses abords

INRAP

Source - http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Actualites/Communiques-de-presse/p-19970-Decouvertes-archeologiques-a-Graveson-Bouches-du-Rhone-la-voie-romaine-d-Agrippa-et-ses-abords.htm

Préalablement à l’aménagement d’un nouveau poste électrique sur la commune de Graveson (Bouches-du-Rhône) par RTE, une fouille préventive a été prescrite par l’État (Drac Paca, service régional de l’Archéologie). Depuis le 10 août 2015, une quinzaine d’archéologues de l’Inrap mène les recherches sur une superficie de 2,3 ha. Ils mettent au jour un important tronçon de la voie romaine d’Agrippa, particulièrement bien conservé sur ce site, ainsi que des aménagements liés à cet axe principal de circulation. Cette fouille va permettre d’apporter de nouveaux éléments sur les voies antiques, leur mode de construction et les liens avec les vestiges qui la bordent (un bâtiment, une aire funéraire). 

Une voie romaine impériale

670x510 10586 vignette c elsa sagetat inrapLa voie d'Agrippa a été dégagée sur un tronçon de 200 m. © Elsa Sagetat, Inrap

Une voie romaine a été mise au jour sur environ 200 m de longueur du nord au sud. D’une largeur variant de 5 à 8 m, elle présente une succession de strates qui témoignent de l’existence de plusieurs réseaux viaires successivement mis en place et entretenus sur un même tracé. Cette voie forme une patte d’oie avec un second chemin, dégagé sur son flanc occidental. 
À l’instar d’autres voies qui maillent le territoire à l’Antiquité, celle-ci est constituée sur ce tronçon d’une chaussée centrale empierrée, dont les ornières témoignent du passage des chariots. Des trottoirs sont, de part et d’autre, destinés à la circulation des piétons. Au-delà, des fossés latéraux drainent les eaux et délimitent son tracé.  

670x510 10587 vignette c elsa sagetat inrapCette voie est constituée d'une chaussée centrale empierrée. Des trottoirs sont, de part et d’autre, destinés à la circulation des piétons. © Elsa Sagetat, Inrap
La chronologie absolue des vestiges n’est pas encore connue : le niveau le plus récent de la voie – celui visible actuellement – n’a pas livré de mobilier (céramique) qui permettrait de dater son utilisation. De précédentes découvertes archéologiques, notamment de bornes milliaires et des copies d’itinéraires antiques, attestent que la voie mise en place par Agrippa au Ier siècle avant notre ère, sur ordre de l’empereur Auguste, empruntait la vallée du Rhône en passant par Avignon (Avenio) et Saint-Gabriel (Ernagina), point de contact avec la voie Domitienne. Ainsi, la situation des découvertes actuelles semble concordante avec les données historiographiques et archéologiques et permet d’identifier cet axe comme appartenant à l’important réseau viaire édifié par Agrippa en Gaule. 

L’occupation en bordure de la voie

Un bâtiment situé à proximité de la voie a été mis au jour. Il présente trois pièces approximativement de mêmes dimensions, conservées en fondation ; une quatrième pièce est lisible grâce à la tranchée d’épierrement de ses murs. Non loin de la construction, un puits a été découvert, vraisemblablement lié à l’utilisation de l’édifice. La fonction de ce bâtiment doit être recherchée en lien avec la voie romaine. 
Un ensemble funéraire implanté en bordure de la voie est également en cours de dégagement : il marque une occupation située entre le milieu du Ier siècle et le IIe siècle de notre ère. Cette localisation de sépultures en bordure de voie est caractéristique pour la période, le monde des vivants honorant ainsi celui des défunts en des lieux particulièrement fréquentés. 

Aménagement : RTE

Contrôle scientifique : Drac Paca - service régional de l’Archéologie

Recherche archéologique : Inrap

Responsable scientifique : Elsa Sagetat, Inrap